Les claques dans la tronche ne viennent pas toujours de là où on les attend. La preuve, qui aurait misé un kopeck sur Obiat, obscur groupe de stoner installé en Angleterre mais accueillant dans ses rangs des zicos d'Europe de l'Est ou espagnols ? D'autant plus que le genre qu'il pratique semble aujourd'hui à bout de souffle, les bonnes surprises révélées par cette chapelle autrefois active et médiatisée, se faisant de plus en plus rares depuis la vague de la seconde moitié des années 90, emmenée par les Monster Magnet, Karma To Burn, Spiritual Beggars, Fu Manchu et autre Sheavy.
Pourtant, une fois "Emotionally Driven Disturbulence" introduit dans le lecteur, une irrépressible envie de taper du pied, de headbanguer vous prend sans prier gare. Mon Dieu quel album ! Quelle maîtrise de la part de musiciens venus de nulle part et au CV confidentiel ! Proche de Kyuss et de Black Sabbath (références quasi obligées dans le genre), Obiat grave un stoner doom mystique, grandiose, beau à en pleurer, aventureux, hyper heavy comme il se doit, et toujours accrocheur et carré.
Après un premier titre, 'Angry Water', efficace et parfait pour démarrer l'album, les choses sérieuses débutent vraiment avec l'immense et terrassant 'Stare The Distance' qui, du haut de ses 11 minutes vous écrase de sa puissance, en même temps qu'il vous émeut. Orgasme prolongé par 'Prodigal Son' (l'enchaînement entre les deux morceaux est tout bonnement divin), sorte de voyage astral pétrifié d'une indicible beauté. Au bout de trois titres, on est déjà à genoux.
Obiat poursuit pourtant son périple avec trois enclumes plus ramassées, qui balancent la sauce sévère et toujours pourvues de ce petit quelque chose en plus qui les démarque du tout venant stoner. Ecoutez pour vous en convaincre l'intro de 'Farewell To Mankind'. La grande force du groupe réside dans sa capacité à renouveler le genre avec ses multiples trouvailles, ses riffs telluriques et un chanteur charismatique qui ne se contente pas de singer le père Ozzy, contrairement à la plupart de ses confrères.
La dernière partie de "Emotionally Driven Disturbulence" se révèle tout aussi passionnante avec les imparables et très courts 'Lawmover' et 'Messanger', le superbe instrumental 'Disobey (Part 2)' et son saxo en folie, sans oublier l'obsédant et barré 'The... Vessel', à la fois lourd comme un panzer, coloré d'effets psychédéliques et de de miaulement de chats (?), conclusion monumentale d'un album qui ne l'est pas moins. Autant dire que Obiat mériterait amplement d'être signé sur un label digne de ce nom.