Le Métal à voix féminine à eu ses heures de gloire, qu'il soit Symphonique ou Gothique. La brèche entr'ouverte par Lacuna Coil puis Evanescence notamment, a été largement agrandie grâce à Nightwish et Within Temptation, laissant pénétrer, vers nos platines usées, des hordes de bons serviteurs de la cause, mais aussi une foultitude de combos sans âme. Ces derniers ont presque fini par tuer la poule aux œufs d'or tant leur nombre et leur médiocre niveau ont saturé notre intérêt pour le genre.
Les italiens de Godyva sortirent leur premier LP en 2006. A l'époque, les bandes à Tarja et Sharon cartonnaient depuis deux ans environ, mais In Goog And Evil ne parvint pas à profiter de leur sillage et l'album connut une sortie plutôt confidentielle. Son petit frère, Planetarium (2008), connut un meilleur sort, alimenté qu'il fût par quelques belles prestations scéniques. Nous voici cinq ans plus tard face à un nouvel opus et confronté à une question taraudante, Alien Heart va-t-il permettre à Godyva de monter sur le podium 2 ou 3 où paradent aujourd'hui des groupes comme Delain ?
Foi de chroniqueur, la réponse pourrait bien être positive, ce pour quatre raisons primordiales qui touchent aux fondamentaux du style : une belle voix, de grosses rythmiques, des claviers grandiloquents et des refrains catchy. Nous sommes ici en territoires connus, parfois symphoniques, parfois gothiques, toutefois baignés par des eaux plus limpides que sombres.
Question gosier, Lady Godyva, la frontwoman, a certes des capacités lyriques moins impressionnantes que ses deux consœurs précitées, mais elle assure tout de même avec aplomb sa partition. Elle est parfois épaulée par un de ses confrères et leurs voix se mêlent harmonieusement. A propos, pour que vous vous endormiez sereinement, sachez que Lady Godiva était une saxonne qui, d'après la légende, a traversé nue à cheval les rues de Coventry, en Angleterre, vers l'an 1000, afin de convaincre son comte de mari de diminuer les impôts (aujourd'hui, cette bravade paraît un tantinet décalée). Question mélodies ça caracole à tout-va, elles nous ramènent successivement de Delain à Within Temptation et de Nightwish à Evanescence. Les plus marquantes, et à titre d'exemple car l'opus en regorge, étant celles développées dans l'énorme reprise du tube de 1985 de Matia Bazar (aux arrangements pourtant ringards à l'époque) un "Ti Sento" renommé ici "I Feel You", dans "Alien Heart", titre éponyme dantesque à faire blêmir d'envie le dernier Nighwish et sur la ballade "In Your Eyes" qui ferait pleurer un taliban.
En conclusion, un bon album de Métal Mélodico-Symphonico-Gothique qui nous promène sur des sentiers tout à tour hargneux et apaisés, mélancoliques ou porteurs d'une certaine allégresse et où les soli brillants de six-cordes sont à noter quatre étoiles. Les grincheux avanceront qu'il ne se dégage de cet opus aucune originalité. Possible, mais des classiques comme celui-là, dans ce genre musical, nous sommes très loin d'en avoir à foison à écouter ces derniers temps !