Liquid Wolf est à l'origine un projet monté par Sami Sarhamaan, musicien Finlandais se décrivant comme « ayant été un progueux toute sa vie et appréciant fortement les guitares distordues ». En 2007, l'écoute du 8ème album d'Opeth, « Ghost Reveries » est une révélation pour lui, il y découvre l'association du métal et du progressif, pour un résultat mystique et enchanteur. Il se met alors en tête d'écrire des morceaux dans cet esprit et fait appel à Sam Wuori pour l'aider dans cette tâche. Ce qui ne devait être qu'un exercice de style devient finalement un projet professionnel et trois autres musiciens viennent étoffer le line-up, permettant la sortie en 2012 de leur premier album, « First Light ».
Sans surprise, l'ombre d'Opeth plâne bien au dessus de cette galette, pas tant dans les sons et le matériel utilisé (les instrumentaux très lourds et les chants gutturaux ne sont pas de la partie), mais pour les ambiances créées, très proches des morceaux folk du groupe suédois. Ainsi, 'Lost', rappelle énormément les atmosphères malsaines distillées dans « Damnation » ou « Heritage », avec cette mise en avant des parties de guitares folk à la limite de la dissonance autour desquelles se structure l'ensemble du morceau, tandis que les doubles voix utilisées dénotent d'une attention toute particulière accordée aux mélodies, même si la grande majorité de l'album est instrumentale. Les finnois ont néanmoins tendance dans ces moments à ne faire guère autre chose qu'imiter leurs maîtres, et le résultat, s'il ravira sans aucun doute les fans, a à l'évidence déjà été entendu.
Mais une autre influence semble se démarquer et se mêler à celle pré-citée : Marillion. On retrouve le style des écossais dans l'abondance de claviers aux sons typés ('Two Wheels') mais aussi par la présence de soli lyriques et langoureux qui rappellent indéniablement la patte de Steve Rothery ('Share This Dream'). Ici, l'influence est mieux digérée et leur permet d'affirmer un style assez personnel. Mais cet album souffre d'un défaut majeur qui réside certainement dans son mode de composition. En effet, « First Light » a été monté par fragments, les divers musiciens apportant leurs idées au projet de manière ponctuelle, ce qui lui donne un aspect assez destructuré, comme en témoigne la cassure qui survient en plein mileu de 'Eventually, Everything Is Dust', gâchant complètement un magnifique passage instrumental très atmosphérique pour enchaîner sur une partie solo qui aurait mérité une meilleure transition.
« First Light » est un bon album de progressif. La technique est soignée et fait parfois penser à Transatlantic dans les parties instrumentales, la production est honorable et les idées fusent de partout. Il souffre néanmoins d'un manque de cohérence au sein des morceaux et dans l'album de manière générale, tandis que ses influences lui collent à la peau, détruisant parfois le potentiel de certains passages réussis. Cela reste un bon essai, on passe de bons, voire de très bons moments (Coda de 'Share This Dream' ou développement instrumentale de 'Eventually, Everything Is Dust'). Le prochain opus devra, pour être excellent, s'émanciper de ses influences sans les perdre totalement car elles font aussi le charme de la musique de Liquid Wolf.