Dperd est un duo italien constitué de Valeria Buono, chant et claviers, et de Carlo Disimone qui assure toutes les parties d'un orchestre rock en y ajoutant quelques touches de violoncelle. Après avoir officié au sein du groupe de darkwave Fear Of The Storm, ils se sont émancipés au début des années 2000 et "Kore" est leur troisième album.
Les premières notes installent immédiatement l'ambiance qui va se retrouver tout au long du disque. Une atmosphère un peu sombre, nimbée de mélancolie, vaguement romantique. Des motifs répétitifs à la limite de l'ostinato. Des instruments discrets, presque timides, chapelets de notes perlées au piano, glissendi délicats de guitare, nappes enveloppantes de claviers. Une percussion un peu crispante par son absence de variété dans le jeu. Des mélodies mid-tempo, feutrées, sans éclat. Et la voix de Valeria Buono, profonde, sobre, dont le timbre mezzo-soprano contribue grandement à la tristesse dont se parent les titres.
L'ensemble s'écoute sans déplaisir mais manque sensiblement de vigueur et de sentiments. Les chansons se succèdent sans renouvellement et finissent par plonger l'auditeur dans une morosité polie plus que dans une profonde mélancolie. L'album manque de surprises (pas de changements soudains de rythme, pas de compositions audacieuses) et ne procure pas de frissons (des partitions jouées scolairement, une voix sans gaieté mais sans de ces déchirements qui vous font monter les larmes aux yeux). Seul 'Tree Song' fait preuve d'une légère originalité avec ses onomatopées qui tiennent lieu de chant, le titre étant malheureusement alourdi par une percussion envahissante à force d'être monolithique. On reste alors partagé entre plaisir et agacement.
"Kore" a peu de chances de rester dans les annales de la musique. Si son écoute demeure accessible et suscite par instant un intérêt curieux, l'auditeur reste finalement sur sa faim et les écoutes successives ne lui permettront pas de déceler quelque mystère caché qu'un premier survol trop rapide aurait pu occulter.