Le projet de metal mélodique Avantasia, fondé et mené par le musicien/compositeur intarissable Tobias Sammet, sort cette année son 6ème opus "The Mystery Of Time". Ce qui était à la base un side-project est en passe de prendre le pas sur son groupe établi depuis 1992 : Edguy, moins productif depuis les années 2000. Connu pour rassembler un panel d'artistes impressionnant par album, Avantasia ne faillit pas à ces habitudes qui ont été la clé de son succès pendant tant d'années. On ne change pas non plus une équipe qui gagne puisque Tobias s'entoure à nouveau de Sascha Paeth pour l'enregistrement (et quelques guitares rythmiques également) et Michael Rodenberg pour le mixage (et claviers). Enorme production donc pour un son de qualité constante album après album.

Si la recette est la même, les ingrédients ont été revus avec de nouvelles contributions externes. Sammet n'a fait appel à aucun de ses acolytes de EDGUY, et a principalement collaboré avec des chanteurs et guitaristes. Ainsi, seul Russell Gilbrook (Uriah Heep) se retrouve derrière les futs, pour un jeu remarquable et autour de Sascha Paeth on découvrira des noms tels que Arjen Lucassen (Ayreon, Vengeance), Bruce Kulick (ex-Kiss) et Oliver Hartmann.

C'est encore une fois côté chant que le bassiste s'est le plus entouré : Joe Lynn Turner (ex-Rainbow et ex-Deep Purple), Biff Byford (Saxon), Michael Kiske (Unisonic et ex-Helloween), Cloudy Yang, Ronnie Atkins (Pretty Maids), Eric Martin (Mr. Big) ainsi que Bob Catley (Magnum) se succèdent au micro. Le groupe s'est également adjoint les services d'un véritable orchestre pour l'enregistrement de cet opus, le German Film Orchestra Babelsberg, dirigé par Günter Joseck.

"The Mystery Of Time" va vous faire voyager dans une ambiance de conte de Noël, avec ses ambiances épiques, ses mélodies simples et efficaces que l'on écoute au coin du feu alors que trois lutins découvrent une horloge magique dans la neige (l'artwork, paint à la main, est signé Rodney Matthews). L'album est irréprochable tant au niveau production que musicalement. Porté par les mélodies d'un 'The Watchmakers Dream', ou encore d'un 'Black Orchid' (avec Biff Byford) lourd et monolithique, les voix des différents invités se mélant à celle de Sammet font mouche et apportent le fameux côté All Stars.

Il est alors dommage qu'après un 'Where Clock Hands Freeze' au rythme effrenné finissant sur un solo absolument immanquable d'Hartmann, on trouve un 'Sleepwalking' tout à fait insignifiant. Heureusement, ces pertes d'inspiration se font vite oublier grâce à des titres comme 'Savior in the Clockwork' à l'ambiance de musique de film et aux nombreuses variations. Les choses se corsent quelque peu avec Ronnie Atkins apportant son timbre écorché sur la guitare d'Hartmann - encore lui -, avant de laisser la place à LA balade obligatoire de l'album plutôt réussie avec la voix d'Eric Martin sur une ambiance très "Meat Loafienne".

La galette s'achève sur le deuxième morceau dépassant les 10 minutes, dernier chapitre hautement épique et au refrain qui restera gravé dans les mémoires. Riche en clins d'oeil musicaux et aux multiples inspirations, ce titre fait traverser toute une époque et profite généreusement de l'ensemble classique mis à sa disposition.

Les influences piochent sans honte à la fois dans des constructions que l'on retrouve chez Meat Loaf, quelques riffs que Led Zeppelin a posé sur Kashmir (dans le dernier titre), l'emballement orchestral de "Music" de John Miles, mais aussi un peu de Trans-Siberian Orchestra, dont on retrouvera plus que le thème du conte de Noël. Autant d'influences qui donneront à cet album un résultat varié mais pas au niveau des premiers - et lointains - albums. Si les fans seront comblés, ceux qui attendaient un peu de surprise resteront un peu sur leur faim et se raccrocheront à quelques titres salvateurs.