Ce "Limbo" commence comme du Rhapsody et son style power symphonique. On y retrouve les titres rapides, l'orchestration, les chœurs et le pays d'origine en commun, à savoir l'Italie. Mais ce 4ème album de Derdian, qui succède à la trilogie "New Era", ne se contente pourtant pas d’être un ersatz...
Derdian, n'en fait pas des tonnes comme peut le faire son grand frère italien. Les jeunes milanais entraînés par Enrico Pistolese sont certes servis par une production plus sobre mais ils sont surtout plus modestes et moins grandiloquents. La double grosse caisse laisse souvent place à une batterie plus frugale et le clavier de Marco Garau s'essaye à des sonorités plus modernes, comme sur le break de 'Dragon's Life'.
Le chant du petit nouveau de la bande Ivan Giannini semble un peu manquer de puissance tant l'oreille est habituée aux vocalises robustes de Fabio Lione et consorts adossées à ce style. Sauf que la personnalité de Derdian s'en trouve affinée et la justesse ainsi que la mise en place parfaite constituent un atout majeur. Il rappelle un peu Johannes Nyberg à l’époque de l’excellent groupe éphémère et danois, Zonata. C’est assez flagrant sur un titre comme 'Heal My Soul', sorte d’hymne facile à retenir et entêtant ou 'Kingdom ou Your Heart' qui utilise les mêmes ressorts mélodiques originaux. Ce chant convient d’ailleurs assez bien à l’aspect plus heavy mélodique que développe Derdian tout au long de l’album. Le quintet explore des facettes variées en jouant sur des sons de clavier divers comme sur des lignes de chant teintées de temps à autres de hard FM. Un titre comme 'Strange Journey', typiquement hard mélodique presque FM avec la guitare lead omniprésente, en est d'ailleurs rafraichissant.
Derdian s’illustre de plus par une musicalité plutôt joyeuse et optimiste moins pompeuse et grandiloquente que son prédécesseur avec un chant moins lyrique également. Cet album sort le combo de la catégorie un peu fermée et souvent caricaturale du power symphonique même si les trois premiers morceaux continuent de s’inscrire dans cette tradition. Le titre éponyme frôle même avec le prog et permet un passage très calme et presque ouaté malheureusement trop court. Toutefois la dominante est le metal hyper mélodique rapide et classique. On appréciera particulièrement la relative sobriété et efficacité des guitaristes.
Pas grand-chose à reprocher au final à ce "Limbo" dans lequel Derdian déroule son metal propre et bien mené qui permet de passer un bon moment même si ce n’est pas l’album du siècle.