What about Now est le douzième album du blondinet du New Jersey qui a fêté ses cinquante printemps l'an passé. Voilà presque trente années que Jon Bon Jovi nous propose ses services, ceux d'un gamin, hard rocker dans l'âme à ses débuts, puis ceux d'un adulte qui au fil du temps s'est assagi, toujours rocker mais de moins en moins porté vers les hymnes Hard FM de sa jeunesse. Cette nouvelle offrande enfonce ce clou et les débats qui fleuriront autour de What About Now tourneront assurément autour d'une interrogation majeure : le coup de marteau sur ce fameux clou n'aurait il pas été ici un tantinet trop violent ?
L'album, qui comporte seize titres sur sa version de luxe, contient seulement cinq morceaux coécrits avec son compère Sambora et un issu de l'album solo de ce dernier (le sympathique "Every Road Leads Home To You" fredonné par le guitariste). Face à ce constat, autant dire que nous sommes donc ici plus en présence d'un album de Jon que d'un opus de son groupe, sentiment illustré par la présence sur l'oeuvre de "Not Running Anymore", titre de Jon écrit pour le film "Stand Up Guys". Il est à craindre, soit dit en passant, que cette ballade, malgré l'invitation du titre du film, ne fera pas se lever grand monde tant elle côtoie les variations d'un encéphalogramme plat. Préciser que les parties de basse et de batterie ont été enregistrées en une seule journée et que les soli de six-cordes sont loin d'être légion ne surprendra donc personne. Question travail de groupe, vous pouvez sortir vos cors et jouer l'hallali.
En ce qui concerne l'approche musicale, What About Now alterne équitablement les mid-tempi et les mouvements lents, tout au long de morceaux flirtant avec la Country, la Pop, la Folk, le Blues et parfois, si si, le Rock.
Ainsi, et sans qu'il soit besoin de tendre l'oreille, nous croisons les chemins de Springsteen, notamment sur un "Because We Can" visiblement apprécié par le groupe puisqu'il a fait l'objet de quatre clips différents qui sont autant de chapitres de l'histoire contée, mais qui finalement lasse vite par ses redondances et sur un "What's Left of Me" Country en diable mais diablement basique. Jon n'hésite d'ailleurs pas à faire un clin d'œil au Boss en reprenant des paroles de "Dancing In The Dark" dans le titre éponyme de l'opus ("You want to start a fire, it only takes a spark"). Nous rencontrons également Coldplay sur le rythmé "Army Of One" et sur l'emballant "With These Two Hands" (d'où jaillissent des effluves de "Viva La Vida") et U2 sur le final des agréables "Room At The End Of The World" et "Pictures Of You" (son final).
Notons également un énorme plagiat (le couplet) du "How Far We’ve Come" des Matchbox Twenty sur le, toutefois, fort réussi "Beautiful World", plagiat beaucoup plus évident que celui cité fréquemment sur le Net du " Hallelujah " de Léonard Cohen sur le similairement douceâtre "Amen". Terminons, au sujet des ressemblances par la ballade somnolente "The Fighter" qui emprunte les arpèges de "Prendre Un Enfant Par La Main" d'Yves Duteil, ce qui est à n'en pas douter une bien curieuse référence pour Bon Jovi.
Cependant, Jon sait encore faire du "bon" Jovi, l'écoute des entraînants "What About Now" et "That's What The Water Made Me" en est la preuve, mais elle reste malheureusement bien ponctuelle. Au rayon des ballades, le blondinet, spécialiste du genre s'il en est, n'en est pas avare sur ce disque puisqu'elles sont au nombre de cinq. Deux ont déjà été évoquées, les trois autres sont du même acabit, amorphes. Voilà qui en surprendra plus d'un tant nous étions habitués à ce que l'américain nous régale en la matière.
Jon est très attaché à la fidélité de son public, un de ses rêves est même, selon ses propres termes, de "remplir le désert". Il est certain que les foules vont continuer à suivre le sympathique garçon, même si celui-ci a désormais pris le parti de composer la musique qui le fait aujourd'hui vibrer sans se préoccuper de ce que les aficionados attendent de lui. Mais il semble fort probable que les enceintes qui l'accueilleront seront principalement remplies de fans qui viendront écouter "You Give Love A Bad Name", "Livin' On A Prayer", "Price Of Love" ou autre "It's My Life" plutôt que des titres de ce douzième album.