Le Gros Gros Train avance inexorablement ... Un "The Underfall Yard" splendide en 2009, un EP (de longue durée !) "Far Skies Deep Time" de bonne tenue en 2010, qui nous amènent en 2012 pour une première partie d'un diptyque très attendu. "English Electric - Part One" se présente sous la forme d'un digipack illustré par des gros plans de poutrelles rouillées, renfermant un livret qui livrent les paroles et le line-up pour chaque titre qui le compose.
Parlons-en de ce line-up ... Aux cinq membres officiels du groupe (les mêmes que pour "Far Skies Deep Time") viennent s'ajouter pas moins de 17 autres musiciens intervenant pour rehausser les compositions de sonorités de cordes diverses, de cuivres en tous genres ou de choeurs riches en harmonie. Certains de ces 'invités' ont déjà été cités, çà ou là, dans la discographie de Big Big Train, tel Martin Orford qui pourtant n'officie pas ici aux claviers, mais qui prête juste sa voix pour quelques chorus. Le risque avec une telle profusion d'interprètes est que cela débouche sur une œuvre trop instrumentalisée, sans cohérence et, du coup, indigeste. Mais quand les 'chefs d'orchestre' sont des orfèvres en la matière, les compositions brillent d'une grande richesse musicale et les incrustations d'instruments moins conventionnels sont comme des diamants disposés savamment dans un écrin de velours.
"The First Rebreather" ouvre le bal avec 8'30 où tout est dit. Tout ce qu'on peux attendre de BBT est présent dès ce premier titre. La mélodie est vite accrocheuse avec ses faux airs de Porcupine Tree dans les premières secondes et le petit solo de guitare à la cinquième minute donne envie de crier 'encore' !! Il est bien difficile de caractériser le style de ce "English Electric - Part One", les influences y sont aussi variées que les sonorités et il est bien rare qu'un titre ne comporte pas au moins deux parties ayant chacune sa propre ambiance. Il y a du Beatles dans "Hedgerow", du Peter Gabriel vers la moitié de "Upton Heath" et même du Genesis à la fin de "A Boy In Darkness". Les amateurs de guitares saturées, de shreds ou de soli hurlant passeront leur chemin, car ici tout est en finesse, les passages les plus énervés, les plus musclés, sont loin de la fureur et il n'y transpire qu'une impression de bonheur guilleret.
Faut-il détailler davantage les qualités des compositions, faut-il encore dire combien elles sont merveilleusement interprétées par des virtuoses ? Les cinq musiciens du groupe sont tous plus ou moins multi-instrumentistes et participent aux accompagnements vocaux qui épaulent très souvent l'organe magique de David Longdon. Même Nick D'Virgilio se mêle aux chorus, lui qui derrière les fûts démontre s'il en était encore besoin qu'il est un des batteurs les plus fins et efficaces de sa génération. Saluons également les hommes de l'ombre, ceux qui ont su capter la multitude des sons et les mixer avec discernement, et notamment le français (cocorico !) Michel Auclair (alias Louis Philippe) qui a composé, arrangé et enregistré les interventions des groupes de cordes sur certains titres de cet album (et de la 'Part Two' à venir).
Avec "English Electric - Part One", Big Big Train se devait de ne pas décevoir le public qu'il a conquis ces dernières années, surtout depuis "The Underfall Yard". Le challenge est largement réussi et la seule interrogation qui peut rester est : "Pourront-ils faire aussi bien pour la deuxième partie ?". Je vous donne donc rendez-vous à très bientôt pour le savoir...