Bien entendu, il ne faut (surtout) pas confondre le Graveyard sujet de cette chronique avec son homologue suédois, ni même avec les (au moins) quatre autres hordes répondant à ce nom forcément répandu dans un genre qui a fait de la mort son fond de commerce. Ceux qui commettront cette fâcheuse erreur en seront donc pour leur frais, les deux groupes ne partageant qu'une lointaine filiation avec le Doom dont il ne conserve chacun qu'un élément, l'influence seventies pour l'un (le Suédois), le socle ultra plombé et mortifère pour l'autre.
Bien qu'espagnol de sang, celui-ci s'avère pourtant complètement scandinave, finlandais un peu et suédois (encore), surtout ! A l'instar de Hooded Menace, de Disma et de bien d'autres zombies, Graveyard patauge donc dans les boyaux d'un Death Metal old school, baveux et morbide à souhait, celui qui sent la barbaque avariée et attire les mouches. Bref, c'est devenu presque un sous-genre en soit, avec ses références (Entombed, Grave, Autopsy, Asphyx), ses invariants autant formels (accordage tellurique, rythmes caverneux) que conceptuels (thèmes dignes d'un série Z italienne).
En l'espace de quelques années, les Espagnols se sont imposés comme une valeur sûre tout en demeurant fidèle à une attitude underground à base de splits à foison édités en 7 pouces ultra limités. Moins culte qu'Hooded Menace, Graveyard n'a pourtant pas à rougir de la comparaison, d'autant plus qu'il suit une évolution (tout est relatif cependant) quasi identique, démarrant avec un premier méfait (One With The Dead) bien cradingue, bouillie sinistre aux forts relents d'ésotérisme lovecraftien pour aboutir à une seconde offrande, vecteur d'un Death certes toujours garanti sans OGM mais une once de mélodie en supplément ainsi qu'une croûte sonore moins en état de décomposition. On relève même quelques claviers sur The Sea Grave, le temps d'une outro ("R'lyeh III") néanmoins vierge de la moindre trace de lumière, tandis que de fugaces soli y émergent parfois, comme sur "Who Art Thou, O Witch, That Seekest Me ?".
S'ils ne sont pas les plus originaux du lot, les Espagnols comptent en revanche parmi les plus efficaces. Capable de maintenir une cadence soutenue ("The Visitations Of The Great Old Ones"), c'est bien entendu lorsqu'il serre le frein à main que Graveyard a notre préférence, s'abîmant alors dans les entrailles de la terre où survit un culte séculaire en l'honneur de divinités monstrueuses, à l'image de "Blood Of Vengeance" ou "And The Gods Grant Thee Death", édifices cyclopéens qu'érigent ces riffs granuleux qui font trembler les murs et à même de filer des frissons partout. Son cahier des charges respecté, The Sea Grave a quelque chose d'un orifice cryptique plongé au fond de ténébres infinies.