Il fallait bien que cela arrive un jour. Après avoir répandu sa semence à un rythme frénétique – sept albums entre 2008 et 2011 ! -, Across Tundras lève désormais le pied, son activité depuis deux ans se limitant à des miettes. Mais attention, les Américains n’ont pas pour autant jeté leur démentielle inspiration avec ce stakhanovisme qui nous faisait d’ailleurs suspecter chez eux l’absorption massive de produits suspects.
Cette alliance avec Lark’s Tongue confirme cette (éternelle ?) bonne santé, quand bien même ils ne sortent cette fois-ci pas vainqueur d’une confrontation qu’on leur aurait pourtant cru favorable. Ceci dit, du haut de ses plus de 11 minutes, "Low Haunts" se veut un pur concentré d’Across Tundras. Passée une lente amorce aux allures d’échauffement lorsque sur scène les musiciens se mettent en place, le tout trempant dans de délicieuses effluves psyché, le Stoner Rock sudiste et démesuré déroule tranquillement sa route désertique et typiquement US dans sa façon très bluesy de sonner.
Plus court, "Crux To Bea" présente une carapace épaisse, tânée par le soleil et ces guitares poussiéreuses mais comme sa devancière, elle est balayée tel un fétu de paille par la classe insolente de la contribution de Lark’s Tongue. Inconnu ou presque jusqu'alors, celui-ci ne devrait plus le rester. En deux titres du feu de dieu, ce groupe originaire de l’Illinois n’ayant à son actif que de maigres efforts, s’offre un avenir sous les meilleures augures. A cela, rien de si étonnant quand on sait que ses membres jouent déjà au sein de plein d'autres formations et pas de moindre (Minsk, Men Of Fortune...).
Au terreau Stoner attendu, ces Ricains injectent une bonne dose d’engrais psychédélique, presque hallucinogène voire cosmique. A l’écoute du gigantesque "Follow Your Night", qui galope à travers des paysages aux accents seventies, duveteux et heavy à la fois, on comprend mieux pourquoi ils citent aussi bien Hawkwind que Earth comme combustible. S’il serait exagéré de lui prêter des influences progressives, comme son nom au parfum crimsonien pourrait le laisser penser, le fait est que Lark’s Tongue noue des liens avec ce courant dans son expression atmosphérique du Stoner, à l’image de l’aérien "Aluminum", aboutissant à un résultat plein de fraîcheur.
Uniquement édité en vinyle sous la forme d’un 10’, ce split est une très bonne pioche doublée d’une (très) belle découverte.