« The Godspeed Society va vous raconter une histoire. Une histoire d'horreur se déroulant à Bloody City, une ville que vous ne trouverez jamais sur une carte, car elle n'existe que dans le futur, une ville où l'on respire l'air lourd du passé. » Voici comment les membres de cette atypique formation portugaise définit son premier album, « Killing Tale », dont la musique se veut à la fois Rock, Metal, Blues et Jazz... Pour une fois, la vérité n'est pas loin...
Dés les premières notes de 'Dark River', la surprise est totale. Un instrument très peu utilisé dans le rock se retrouve au centre du morceau : l'accordéon tenu par Peggy, qui se retrouve à servir de fil conducteur, au sein du morceau et tout au long de l'album, formant le thème ('Cats Walk' ou la superbe intro de 'Cauchemar') ou posant les ambiances ('Red Stain' et son filtre grésillant). L'instrument permet ainsi de créer une atmosphère rappelant énormément la France du début du XXème siècle, Paris, la baguette de pain. A travers cet accordéon, mais aussi grâce au saxophone de Mr Whistler qui tient à lui seul le rôle de toute une section de cuivres d'une manière fort remarquable, on se surprend à s'imaginer un couple marchant au bord de la Seine un soir d'orage, un bal-musette à l'arrière d'un cabaret des bas-fonds de Paris...
Mais ce qui est fort, c'est que ces timbres et ces atmosphères se greffent sur des instrumentations rock voire metal, avec des guitares lourdes, une basse très en avant et une batterie légèrement envahissante, créant des contrastes saisissants et étonnamment très cohérents qui pourront rappeler par moments le Diablo Swing Orchestra. Une deuxième caractéristique importante se doit d'être soulignée, c'est le chant de Sylvia Guerreiro. En effet, elle possède une voix qui contribue grandement à construire le concept du disque, les similitudes avec Edith Piaf étant frappantes...
« Killing Tale », c'est un voyage, personnel, torturé, empreint de nostalgie, de colère et non dénué de folie. C'est une musique réellement à part qui mérite bien plus d'attention que celle qu'on lui accorde mais qui nécessite une certaine dose de courage pour dépasser son aspect atypique. Si le pari de croiser de nombreuses influences est réussi, l'album a néanmoins tendance à s'étendre un peu trop et la présence de certains morceaux plus que dispensables nuit malheureusement à sa cohérence. Une dernière chose : The Godspeed Society est le genre de groupe qui ne montre qu'une part de ses capacités en studio pour dévoiler un potentiel scénique énorme, l'évidente passion des musiciens et la théâtralité de leur musique allant fortement dans ce sens.