Groupe formé au début de ce millénaire par Andy Thommen (ancien bassiste de Clepsydra) et Ivo Bernasconi qui assura les claviers du même groupe durant la mini-tournée "More Grains of Sand", Zenit publie en cette année 2013 son troisième album, The Chandrasekhar Limit.
Au vu des origines des fondateurs du groupe, il serait facile de cataloguer Zenit comme un nième groupe se cantonnant au néo-prog, et encore plus comme un clone de Clepsydra. Pour ce dernier adage, tournons la page tout de suite pour affirmer que la musique proposée par ce quintet suisse ne se rapproche guère du néo-progressif classieux de ses congénères. La ressemblance majeure en ce qui concerne ce style est plutôt à chercher du côté d'IQ, avec quelques passages que ne renieraient pas le groupe britannique, les intonations du chanteur rappelant à s'y méprendre Peter Nicholls (avec le même défaut de justesse dans les aigus d'ailleurs !) (Pigreco, Matrimandir). L'instrumental Pulsar est également un pur bonheur dans le style, avec une mélodie aux rebondissements variés, le tout sur une rythmique syncopée agitant délicieusement les neurones.
Mais là où Zenit se démarque de ses petits camarades, c'est en proposant une variété bien plus importante d'univers musicaux. Les références au progressif sont évidemment bien présentes, avec quelques clins d'œil à Andy Tillison et The Tangent (Pigreco), des parties jazz prog revenant régulièrement dans les longues compositions, mais aussi de grosses séquences fortement inspirées par Pink Floyd, avec notamment un grand break instrumental zébrant le superbe Awaken qui rappellera les ambiances hypnotiques du live à Pompéi, mais aussi les chorus renforcés par des chœurs féminins sur la fin de la dernière plage, fortement évocatrices des dernières prestations live du groupe.
Zenit ne se contente pourtant pas de ces seules références prestigieuses pour composer sa musique, et ballade l'auditeur au sein d'un spectre musical très large, l'exemple le plus parlant étant Matrimandir, contenant un assemblage de musique d'inspiration indienne (au sens asiatique du terme) incluant des paroles en langue locale, des passages à l'ambiance digne de la musique diffusée lors d'un jour de grève à Radio France, et des chorus symphoniques lumineux. A cette lecture, l'ensemble pourrait paraître très hétéroclite et peu avenant, mais il n'en est rien ; les 17 minutes de la composition s'écoutent d'une seule traite, prenant de plus en plus d'ampleur au fil des répétitions, validant par la même occasion le projet du groupe de ne pas se contenter de codes musicaux étriqués.
Paradoxalement, et en-dehors de Cub Lady, chanson acoustique plutôt hors-sujet, la dernière suite et ses 24 minutes de musique se révèle comme la moins aboutie de l'ensemble, et se traîne quelque peu en longueur, d'autant que la structure même de cet épic et l'enchaînement de ses différentes parties ne saute pas forcément aux oreilles.
Malgré ces quelques réminiscences, The Chandrasekhar Limit marque un véritable bond en avant par rapport aux premières productions du groupe, et délivrera de nombreux moments de bonheur aux auditeurs qui prendront le temps de s'immerger dans cette musique bien plus riche qu'elle n'y parait au premier abord.