Cette année 2013 voit le retour très attendu de Spock’s Beard avec ‘Brief Nocturnes and Dreamless Sleep”, leur onzième album studio. Cet opus est le résultat d’une nouvelle formation avec respectivement Ted Leonard (ex Enchant) et Jimmy Keegan au chant et à la batterie qui viennent renforcer le combo, en rejoignant de manière stable les vétérans que sont Alan Morse (guitare), Ryo Okumoto (claviers) et Dave Meros (basse). L’arrivée de ces deux musiciens permet le remplacement de Nick D'Virgilio, batteur/chanteur qui a quitté le groupe afin de s’occuper pleinement de son rôle dans le Cirque du Soleil.
Un des plus grands défis pour le groupe depuis le départ de Neal Morse a été de compenser la perte de ses compétences considérables de songwriting. Et bien cet album est sans doute ce qu’a fait de mieux le groupe depuis ‘Snow’, marquant ainsi le retour de la coopération des deux frères Morse sur deux morceaux, ‘Afterthoughts’ et ‘Waiting For Me’. En dehors de ces deux pistes, soulignons notamment ‘A Treasure Abandoned’ et ‘Something Very Strange’, toutes deux composées par un collaborateur de longue date, John Boegehold.
Une des caractéristiques de Spock’s Beard, et particulièrement de cet opus, est de proposer un son puissant, avec des nappes de guitares et de claviers qui se mêlent parfaitement ainsi que des mélodies magnifiques posées sur une section rythmique infaillible. Leonard apporte un style pro-Kansas avec une tonalité vocale proche de ‘Steve Walsh’ ou encore de ‘John Elefante’. On ressent particulièrement l’influence de Kansas sur ‘A Treasure Abandoned’ qui aurait facilement pu s'intégrer sur l'album ‘Vinyl Confession’ de 1982. L'arrivée de ce nouveau frontman semble avoir rajeuni Spock’s Beard, apportant une énergie joyeuse qui fait plaisir à entendre. Elle contribue ainsi au renforcement de ce qui était déjà une qualité première du groupe à savoir les les harmonies vocales. Celles-ci, parfaitement réalisées par Keegan et Morse offrent notamment un break au milieu de ‘Afterthoughts’ en canon vocal qui vient coller des frissons le long de l'échine ou sur ‘Submerged’ et son refrain entêtant, véritable tube en puissance. Du côté des claviers, Ryo Okumoto s'avère égal à lui-même. Ainsi, l’introduction au synthé de ‘I Know Your Secret’ est magnifique, et le reste est du même acabit avec un jeu plein de fougue, très dynamique qui propose des changements d’humeurs et de styles.
L'écoute de ce nouvel album est un pur bonheur et permet de redécouvrir Spock’s Beard avec une superbe évolution et un extrême raffinement. Le nouveau groupe est d’une formidable créativité et d’un excellent niveau technique aussi bien instrumental que vocal. Clamons haut et fort que Spock’s Beard est toujours bien présent malgré ce nouvel aléa venu jalonner une histoire que l'on souhaite la plus longue possible.
NB : L’album existe également en version spéciale comprenant un CD supplémentaire avec 5 titres sur lequel on trouve notamment un instrumental, ‘Postcards From Perdition’, qui met en lumière les soli et textures de synthé de Okumoto.