Le doom et le prog. Deux genres apparemment complètement antipodiques. Le premier est lent, répétitif et hypnotisant, le second est souvent plus « animé » et bourré de changements de rythme (surtout le métal prog).
Seulement maintenant, il y a The Hidden Hand, et ces deux genres semblent avoir trouvé un terrain d’entente. Un des multiples projets de « Wino », figure emblématique du doom, (« The Obsessed, St Vitus, Spirit Caravan), The Hidden Hand s’amuse à bousculer les normes du genre.
Attention, il s’agit ici toujours de doom. Le son est velu comme un grizzli et la guitare de Wino est aussi lourde qu’un troupeau de mammouths. Le côté hypnotique est bel et bien présent, mais il est surtout dû aux atmosphères des morceaux. Comme si The Hidden Hand était l’enfant caché de Black Sabbath et de King Crimson. D’ailleurs, le chant sur certains titres n’est pas sans rappeler un certain Ozzy (« Half Mast »), et certains délires rappellent, eux, le génial King Crimson (« Draco Vibration »).
Des riffs terribles, des solos démoniaques, une basse vrombissante et un jeu de batterie très riche rendent cet album extrêmement attachant. Certaines structures sont presque progressives et les changements incessants de rythme cassent les clichés du doom. Le break de « Desensitized » en est la preuve absolue. Pour couronner le tout, ce Moher Teacher Destroyer est truffé de mélodies magnifiques et entêtantes (« Magdalene »).
The Hidden Hand vient de sortir une œuvre unique et engagée (sur le plan musical et social) qui devrait réconcilier les amateurs de prog et de doom. Ce qui est loin d’être un mince exploit. A quand un disque alliant l’influence de Carcass à celle des Scorpions ?