On les avait presque oublié ces Italiens pourtant auteurs en 2008 d'un premier album, Unspoken, remarqué bien qu'un peu trop inféodé au Anathema atmosphérique. Ces cinq années d'absence auront-elle permis à Resonance Room de s'affranchir de ces influences ?
C'est une réponse de Normand que nous allons vous apporter :
Oui car Untouchable Failure ne noue en effet que peu de liens avec le Gothic Doom auquel le groupe a été affilié à ses débuts, sous son nom ou sous celui de Fragments entre 2003 et 2008, si ce n'est cette mélancolie désormais plus feutrée que plombée, seul oripeau de ce passé vaguement doomy le rapprochant alors de son compatriote Novembre.
Non car Resonance Room a troqué une influence pour une autre, finalement pas si éloignée que cela. Les cinq minutes de "The Great Insomnia" suffisent à l'identifier, notamment grâce au chant profond et émotionnel de Alessandro Consoli plus Daniel Gildenlöw que jamais. Le mimétisme est tout aussi troublant sur "Naivety And Oblivion". Anathema (dernière époque), Pain Of Salvation, c'est bien toujours la même famille entre Rock atmo et Metal progressif écrit à l'encre noir du désespoir à laquelle se rattachent ces Italiens, éternels suiveurs.
Cela fait-il pour autant de Resonance Room un mauvais groupe et de Untouchable Failure un mauvais disque ? Que nenni car ce qui est désormais un quatuor a du métier à revendre, délivrant un travail où nous serions bien en peine d'y déceler le moindre de défaut d'exécution et d'écriture. De cet ensemble, émerge en premier lieu la puissance vocale d'Alessandro, indispensable clé de voûte de cet édifice dont les arcs-boutants se parent de plus en plus de modelés progressifs ("Outside The Maze", "Unending Loss"). L'homme recouvre d'un voile fébrile ces compositions irriguées par des guitares robustes, aussi à l'aise dans un registre touchant à l'image des power-ballads "A Picture" et "Prometheus" que dans celui plus énergique qui propulse les puissantes pièces que sont "Faded" ou "Cages Of Dust", vers des sommets. Sans cela, elles seraient sans doute plus banales, nonobstant le jeu des autres musiciens tous au taquet, à commencer par cette section rythmique du feu de dieu.
Ourlés d'arrangements délicats, la majorité des titres font mouche (surtout les premiers), nous faisant d'autant plus regretter cette incapacité chez Resonance Room à pouvoir faire oeuvre (plus) personnelle. Ce n'est pas suffisant pour bouder notre plaisir mais ne peut empêcher l'écoute de s'accompagner, outre cette forte impression de déjà-entendu, du sentiment d'être passé, comme à l'époque d'Unspoken, à côté d'un plus grand groupe encore.