Formé en 2010 autour de la cantatrice et pianiste Janika Groß, Molllust (avec 3 L !) sort déjà son premier album, présenté comme un métal opéra. La formation, outre la base rock métal (guitare, basse, batterie) est composée d’une violoniste, d’une violoncelliste et d’un chanteur dont la gamme vocale se rapproche de celle d’un ténor. Appétissant !
Sauf que si la chanteuse maîtrise son sujet à la perfection, le chanteur semble parfois à la limite de la justesse. Son grain de voix ne se marie ni avec sa partenaire, ni avec la musique. Dans un titre intéressant mais dissonant comme "Puppentanz", alors que les écoutes successives apprivoisent la musique, les vocaux masculins sont catastrophiques ! Son intervention sur "Lied Zur Nacht" n’est hélas pas mieux réussie, et c’est d’autant plus dommage que le groupe évite le cliché du chant sombre et autres growls !
Si les instruments "classiques", et surtout le violoncelle apportent une touche originale et une ambiance parfois étrange, les instruments "rock" sont parfois à la peine, se contentant d’officier comme fond sonore en ne prenant que rarement l’initiative. Alors que le piano, le violon, le violoncelle et la voix puissante mais aérienne de Janika jouent sur les contrastes, les guitares et la batterie sont trop souvent en surcharge rendant la musique bien trop brutale ! Plutôt que de miser sur la coexistence des deux mondes, il aurait été plus audacieux de vraiment mêler les genres ou d'adapter l'un aux couleurs de l'autre ce qui est rarement le cas.
Autre souci, si les thèmes sont relativement variés, ils manquent cependant d’accroche mélodique pour que l’on ait envie d’y revenir rapidement. L’album s’écoule donc relativement paisiblement, l’oreille ne se dressant finalement que pour les défauts cités plus haut. Un titre comme "Aufwind" possède de très belles parties instrumentales et vocales mais elles sont pénalisées par une approche métallique sans nuance. Seul "Spiegelsee" semble éviter ces écueils, c’est trop peu !
Et pourtant, le potentiel est là ! Dans un registre personnel et éloigné des autres chanteuses lyriques, Janika tire admirablement son épingle du jeu. Reste maintenant à intégrer les deux mondes avec un peu plus d’ambition, à corriger les erreurs de casting, et le groupe pourrait bien se faire une place auprès des fans de Thérion. Le groupe annonce déjà un nouvel EP pour le printemps. Espérons, comme pour cet album, qu'ils ne mettent pas la charrette avant les bœufs !