Deux ans après un "The Devil's Deep" plutôt moyen, le Black Metal Suédois voit Grief Of Emerald sortir un nouvel opus leur permettant de confirmer leur retour sur le devant de la scène, après une longue abscence de plus de 9 ans jusqu'en 2011. Il était donc temps, avant qu'on ne considère leur effort - qui reçut un accueil mitigé - comme un dernier et vain soubresaut, d'enfoncer le clou avec ce "It All Turns To Ashes" tout à fait honorable. Jonny Letho, l'unique rescapé de la formation d'origine, a donc rassemblé ses musiciens pour balancer un Black Metal Symphonique old school pour les nostalgiques du son et des mélodies des années 90.
En effet, tel un flash back, cet opus va vous replonger dans les souvenirs d'un bon Black du siècle dernier. Grief Of Emerald a fait le choix délibéré de fournir un album court, percutant, tout au long des 9 chansons de 4 minutes en moyenne. Les compositions sont de bonnes factures, même si elles ne révolutionnent pas le genre, et semblent s'être inspirées de références solides de l'époque. 'Cage of Pain' en est l'exemple le plus marquant, avec la sonorité de ses claviers assurant autant l'ambiance que la mélodie. Les guitares sont omniprésentes, tapissant le fond sonore avec une saturation monstrueuse. On retrouve également les blasts avec leurs chants/cris écorchés, hurlés, torturés, les mélodies exécutées en allers-retours épileptiques qui ont fait les beaux jours de groupes qui ont réussi (eux) à tirer leur épingle du jeu.
Le travail de Carl Karlsson derrière les futs est rudement efficace même s'il progresse dans les sentiers déjà battus de ses prédécesseurs... Mais qu'importe, tant il est riche et varié ! Il profite ainsi des nombreuses variations pour faire évoluer les bases rythmiques comme sur le titre éponyme, ou encore sur l'excellent 'Stormlegion'.
La production est bonne, mais manque parfois de relief pour nuancer certains passages plus calmes. Elle conviendra cependant tout à fait sur les trois quarts de la galette où le tempo effréné et le volume de tous les instruments viennent faire un amalgame symphonique grandiose et chaotique à la fois. Les mélodies ressortent correctement et permettent de ne pas avoir l'impression d'entendre toujours le même titre. Par contre, il faut une certaine endurance pour encaisser d'une traite les (pourtant courtes) 40 minutes de l'album. Quant au chant, il ne révolutionne rien et se contente d'appliquer fidèlement les bonnes recettes qui ont fait le succès de certains groupes.
Grief Of Emerald perpétue parfaitement la tradition du Black Metal dans sa première forme avec ce dernier opus. Un disque qui conviendra parfaitement aux nostalgiques des prémices du Black Metal scandinave mais moins à ceux qui cherchent du renouveau dans le genre.