Il est des groupes qui proposent à travers leur musique un discours engagé ou tout du moins, contestataire... Un parti pris qui, souvent, magnifie admirablement l'instrumental pour lui conférer une belle profondeur. HeartBeat Parade compte parmi ces formations, et après un EP, « Burning Nantucket » sorti en 2012, ce trio belgo-luxembourgeois nous offre son premier album, « Hora De Los Hornos » dans lequel il propose des compositions très personnelles, instrumentales et parsemées d'extraits de films ou d'émissions radiophoniques.
Plusieurs caractéristiques du Post-Rock se retrouvent dans cet album. Tout d'abord, l'intégralité des morceaux est instrumentale leur conférant un aspect très atmosphérique. Mais nous ne sommes pas ici face à un Post-Rock de type Calme/Crescendo/Explosion comme pourrait en faire des groupes comme Explosions In The Sky, mais plutôt face à une musique pêchue, passionnée et empruntant au Post-Rock sa capacité à créer des atmosphères particulières. Car ici, les guitares sont saturées, la basse est rugueuse, la batterie martèle et ces deux derniers forment une incroyable section rythmique, comme peut en témoigner 'Burning Water', véritable brulôt musical. Certains morceaux sont d'ailleurs assez violents par moment et rappelleront les digressions Math Rock, un genre technique qui se caractérise par une complexité rythmique et mélodique autour de riffs parfois dissonants. 'Cluba 45' en est un est bon exemple, avec un break fonctionnant autour d'un jeu d'échos basse/guitare. De plus, autour du trio rock habituel se rajoutent de temps en temps des timbres différents comme du piano ou du violoncelle.
Mais la particularité de la musique de HeartBeat Parade vient surtout du son côté engagé voire conceptuel. La musique et les arrangements mettent remarquablement bien en valeur les samples utilisés, ceux là même dénoncant les pires maux de notre société capitaliste. Le réchauffement climatique ('Burning Water'), les difficultés relationnelles et la place de la vérité dans l'amour ('Et si tu la rappelais', le sample francophone fait frissonner tant il est empreint de passion et rappelle Fauve), ou la faim dans le monde ('A Road Trip Towards Starvation', au titre pessimiste et ironique). L'aspect conceptuel est également apparent avec des morceaux divisés en parties qui construisent des suites progressives, les quatre premiers titres n'en formant qu'un seul par la trame mélodique développée ('Out Of The Silence... Unspoken Truth Will Emerge... To Become Louder Than... Their Weapons'). Le thème de la faim dans le monde se retrouve dans les trois parties de 'Fiat Pianis', formant un morceau de près de 10 minutes mettant en valeur le paradoxe alimentaire qui sous tend nos sociétés, à savoir que 3 milliards de personnes meurent de faim tandis qu'en occident, on utilise de la nourriture pour fabriquer du carburant et faire rouler nos voitures... Au passage, pour la première fois en 2011, il y avait autant de personnes en surpoids que de personnes en sous alimentation, un chiffre qui fait froid dans le dos..
HeartBeat Parade arrive à captiver l'auditeur de bout en bout avec ce « Hora de Los Hornos », de l'énergie brute, engagée, passionnée et qui prend aux tripes pour faire passer une pensée qui mérite d'être exposée sur le devant de la scène tant elle est criante de vérité. On aurait néanmoins apprécié une production un peu plus précise et une diversité plus évidente dans les compositions.