Chez certains groupes, les albums lives font office de bonus, d'anecdotes, d'objets pour les fans alors que chez d'autres, ce sont de véritables pierres angulaires dans leur discographie, des moments à ne pas rater qui viennent sublimer les prestations studio, des rendez-vous, des rencontres. The Muggs sort après trois albums studio son premier album live et, les fans auraient pu le parier, il rejoint la seconde catégorie.
Facile après coup me direz-vous, le style abordé, un Blues Hard Rock Stoner trouve dans l'exercice toute sa fougue, sa puissance et sa vitalité. Et l'énergie du groupe ne peut mieux s'apprêter à l'exercice de la scène. Profitons-en pour rappeler à ceux du fond qui n'écoutent pas que ce power trio est composé d'une rythmique unique puisque Tony De Nardo, ne jouant que d'une main, exécute ses parties de basse sur un piano Fender Rhodes. Puissance vous disiez !? Voici donc, de la part du "plus moche groupe sur terre" un très beau double cadeau capté en 2012 au Cadieux Café de Detroit, le bar qui les a vu débuter leur carrière en 2000.
Bien équilibré niveau setlist, il pioche avec équité dans le passé du groupe puisque cinq titres du premier et éponyme effort sont ici présents, quatre du second "On With The Show" et à peine plus du riche et profond "Born Ugly", bien entendu à l'honneur en ce début de show. L'ultra bluesy 'Doc Mode', le catchy 'Down Below', le groove de 'Get It On', le Zeppelinien '6 To Midnite', le Sabbathien 'Sturm And Drang' et j'en passe, tout y est, balayant avec classe et aplomb la courte mais inspirée carrière du groupe. La cohérence et l'énergie débordante de ses musiciens (Danny Methric est magistral de bout en bout, semblant ne pas connaitre la fatigue vocale) viennent lier cette sauce décidément onctueuse et paradoxalement pleine de grumeaux. Que voulez vous, le Rock, ça tache.
Qu'ils se fassent menaçant sur le languissant 'Hats Of To Mr.Beardsley' dès les premières encablures, groovy au possible avec 'Need Ya Baby' aux aspects de Jam 70's à la Hendrix ou pachydermiques avec 'Preachin' Blues/Help', rien ne semble leur faire peur et c'est toujours la musique qui gagne, ces gars là jouant avec le cœur au point que les comparaisons disparaissent bien vite. C'est uniquement de The Muggs qu'il est question ici, et du meilleur !
Ce live fait, l'exercice oblige, quelques clins d'œil aux inspirations du groupe. Dès les premières cartouches, c'est l'enlevé 'I Take What I Want' de Rory Gallagher qui vient pimenter ce set, suivi plus loin (entre autres) d'un léger et riche en soli 'Used To Be' et du 'How Do You Sleep ? ' de Lennon aux modulations vocales plutôt respectées.
Vous aimiez les explosions live d'un Led Zeppelin, d'un Grand Funk Railroad et de Mountain ? Jetez vous donc sur ce double live gavé à ras bord de Rock N'Roll cru, bruyant et grinçant !