Pour son deuxième album, le trio anglais nous replonge dans son univers Canterburry teinté de jazz. Pour l'occasion, il s'adjoint les services d'une section de cuivres sur le délirant "Contrasong" aux sonorités proches de West Side Story revisité en version psychédélisme. "The Polite Force" rappelle fortement le style de Soft machine avec son Progressif atmosphérique qui l'assoit définitivement dans ce genre.
Après "Boilk" et sa construction aléatoire mélangeant bruitage, portions musicales jouées à l'envers et ambiance planante, l'instrumental "Long Piece n°3" séparé en 4 parties distinctes enfonce le clou en nous emmenant au gré de ses thèmes basés sur le clavier, vers les contrées abstraites de l'improvisation et de l'expérimentation.
Les quelques amoureux du genre encore vivants pourront se délecter de cette maîtrise particulière et assez datée qu'avaient certains groupes pour l'introspection alors que les autres resteront totalement hermétique à cette expérience sonore parfois proche d'un délire orchestral. Les 3 dernières parties de "Long Piece n°3" présagent la venue de formations comme ELP malgré une absence quasi totale de référence à la musique classique. On y retrouve cependant les breaks particuliers du Progressif et les chorus de claviers chers à Keith Emerson.
The Polite Force semble conçu pour plaire à une fange de la population très restreinte, adepte de sonorités "Old School" dans le milieu déjà très select du Rock progressif. On regrettera cette connotation "datée" systématique alors que l'on aimera les libertés musicales que s'accordaient les formations de l'époque. Pour ma part, ce disque trop élitiste, faute de toucher ma sensibilité de mélomane, me laisse de marbre.