Bien qu'issu du même chaudron d'Indianapolis que The Gates Of Slumber et Apostle Of Solitude avec lesquels il partage(ait) certains de ses membres et en premier lieu son fondateur, le guitariste et chanteur Steve Janiak, Devil To Pay ne bénéficie pas d'une égale renommée, la faute peut-être aux obscurs labels sur le catalogue desquels figurent ses trois premiers albums.
C'est donc avec un train de retard d'une bonne dizaine d'années que nous découvrons aujourd'hui, grâce à Fate Is Your Muse, ce groupe qui mérite forcément mieux que le relatif anonymat dans lequel il végète depuis ses débuts. En dépit de racines communes, velues et rocailleuses, Devil To Pay sonne moins Doom que The Gates Of Slumber et Apostle Of Solitude, encore qu'un titre de l'acabit de "Yes Master" par sa tellurique pesanteur que libèrent des guitares accordées plus bas que terre, n'a rien à envier aux enclumes forgées par ces derniers.
Mieux, les Ricains sculptent un Metal brûlant d'une chaleur poussiéreuse et qu'irriguent des riffs à la peau tannée et rugueuse. L'album éructe douze cartouches aux allures de brûlots, nerveuses ("This Train Won't Stop"), suintant parfois une fièvre sudiste ("Tie One On") et d'une robustesse ultra-heavy. "The Naked Truth" ou "Already Dead" témoignent ainsi de cette rythmique de bûcheron, socle terreux qui sert de base à cet opus.
Mais au-delà de cette cuirasse coulée dans ce plomb typique des aciéries US, Devil To Pay fait preuve d'une finesse certaine dans cette manière de décocher des lignes de six-cordes ravageuses et galopantes, comme celles cisaillant "Black Black Heart" ou achevant le terminal et pesant "Beyond The Ether", tout comme il sait composer des titres puissamment mélodique, tel ce "Prepare To Die, idéale mise en bouche ou ce "Wearin' You Down" à l'accroche irrésistible.
Sans temps mort ni remplissage malgré sa bonne cinquantaine de minutes, Fate Is The Muse est de ces grands/petits albums qui ne rencontreront jamais le succès auquel leur qualité les destinerait pourtant. Celui-ci a le potentiel pour fédérer un large public pas seulement circoncis à la chapelle Doom mais que n'effraient pas les surfaces bien Heavy aux entournures. Une sacrée découverte en définitive qui donne juste envie de plonger dans ses trois prédécesseurs. Si ceux-ci sont du même tonneau, c'est la gaule des grands jours assurée !