Après 15 années de silence, et semblant ressurgir de nulle part, OMD (pour les plus jeunes lecteurs, signalons que derrière cette abréviation se cache le nom complet d'Orchestral Manœuvre in the Dark) publiait en 2010 un nouvel album, History of Modern, passé pour le moins inaperçu malgré de probants atouts, mais présentant des compositions aux qualités inégales. Simple feu de paille ou début d'une nouvelle ère ? La sortie trois ans plus tard d'English Electric oriente la réponse vers la deuxième proposition, d'autant que cette nouvelle galette se révèle bien plus aboutie que celle marquant le retour du duo dans les bacs.
Soyons clair : il existe désormais peu de chances pour qu'un nouveau titre d'OMD atteigne les sommets dans les charts, du moins dans notre beau pays hexagonal, ni même se substitue en diffusion radiophonique aux éternels Enola Gay et autres Souvenir. Question d'époque tout simplement, car English Electric propose en son sein une collection de morceaux mêlant tradition et expérimentations.
Nous retrouvons ainsi de nombreux titres marqués du sceau inimitable du groupe, électro pop mélangeant sonorités synthétiques et nappes de claviers planants aux mélodies immédiates et enivrantes servies par les voix chaudes de Paul Humphreys et Andy McCluskey. Parmi celles-ci se nichent plusieurs tubes potentiels dont le superbe Helen of Troy ou encore son envoûtant successeur Our System - qui n'aurait pas déparé l'album de tous les tubes, Architecture and Morality -, sans oublier le somptueux Metroland qui ouvre les hostilités et rappelle d'emblée que nous n'avons pas ici affaire à n'importe quel groupe.
Mais là où English Electric se distingue de ses prédécesseurs, et notamment des productions trop lisses des années 90 qui virent le déclin du groupe, c'est en nous proposant des incursions beaucoup plus expérimentales qui, isolées du reste de l'album ne seraient qu'anecdotiques mais qui ici renouvellent l'intérêt de l'auditeur en apportant une sorte de "contradiction auditive". Please Remain Seated et plus encore Decimal viennent ainsi rappeler à notre bon souvenir les expérimentations utilisées naguère sur Dazzle Ships, tandis que The Future Will be Silent marche carrément dans les pas du grand Kraftwerk, lui empruntant des sonorités de Trans Europe Express, voire même des gimmicks plus synthétiques d'Electric Café.
Album marqué par une sérénité de chaque instant, English Electric se déguste d'une seule traite sans aucun temps mort et vient rappeler qu'OMD est un groupe qui, non content d'avoir marqué de son empreinte la pop électronique des années 80, est encore capable de nous proposer de la musique de qualité qui ravira les oreilles des "anciens", mais sur laquelle les plus jeunes devraient prêter un peu plus qu'une oreille distraite.