Bien que toujours officiellement en activité, il n'en demeure pas moins qu'Allhelluja n'aura au final guère survécu au départ de son emblématique hurleur et frontman, le danois Jacob Bredahl. Pourtant Breath Your Soul, premier et unique (à ce jour) album sans le démissionnaire, n'avait pas rougir de la comparaison avec ses deux aînés. Sans aller jusqu'à affirmer que le silence des Italiens nous est insupportable, il faut reconnaître que leur Stoner épais tâché d'une croûte Hardcore n'était pas sans charme.
Or nous n'avons pas eu à forer très loin pour dénicher leur dauphin (quasi) adoubé, comme le prouve le patronage de Bredahl qui s'est chargé du mastering de son galop d'essai, puisque The Red Coil nous vient aussi de Lombardie et de Milan pour être plus précis. On croise chez lui cette même énergie sale qui transpire l'urgence par tous les pores, un chant râpeux et sévèrement burné et ce Metal velu que forgent des guitares grosses comme des câbles à haute tension.
Là s'arrête cependant la proximité car le jeune pousse se montre à la fois plus groovy ("Barrio Alto"), plus Doom également, préférant la plastique charpentée engluée dans le mazout ("Fuckin' Numb") aux rythmes énervés de son grand frère, quand bien même des crachats comme "Eastern Smell Of Smoke" et plus encore le sanguin "Narcotic Jail", dont la rudesse donne toutefois envie de taper du pied, ne manquent pas de s'emballer parfois. Le temps du transpireux "Beginning From Nowhere", The Red Coil braconne, avec une réussite certaine, sur les terres sudistes, celles des Bayoux qui sentent la slide déglinguée, l'harmonica fiévreux, l'alcool frelaté et le stupre.
La durée de la majorité des titres tutoyant les 6 minutes au compteur trahit chez Lam une écriture travaillée, faisant la part belle aux soli ravageurs ("The Ones That Fall From Grace", "S.S.C.3) et aux ambiances coulées dans le plomb, témoin le puissamment râblé "Daybreak" qui entame en son milieu une implacable décélération, descente à la mine guidée par une six-cordes sismique belle à en pleurer.
Le contenu est à l'image du contenant : massif et d'une tranquillité trompeuse. Bref, The Red Coil saura (presque) nous faire oublier Allhelluja... Mais tout est dans le "presque".