Voici un jeune groupe français et francophone qui est néanmoins centré autour d'un duo de musiciens dont les origines sont respectivement polonaises et vietnamiennes. Warnam nous offre un premier album dont la durée limitée l'aurait fait appeler "mini-LP" dans les années 80. Au cours de ces huit titres de durée assez brève (sauf un), le groupe développe un rock assez musclé qui prend des éléments de nu-metal et de rock alternatif proches de Incubus ou Tool, influences avouées.
Et effectivement on retrouve quelques traces de ces références sans que Warnam n'atteigne la même complexité ni se s'étale sur des pièces aussi longues que ces derniers. Pas de vocaux typés "metal extrême" non plus. Le guitariste Thomas Ciszewski préfère les rythmiques et les arpèges aux solos et ne se laisse aller qu'une fois à jouer un gros solo sur "Littlejoe"
"Sans Repère" démarre l'album avec un tempo lent, un riff lourd et menaçant, une mélodie légèrement orientalisante, plus quelques boucles électroniques programmées à côtés des instruments traditionnels. L'un des attraits principaux de Warnam est la voix assez particulière d'Endlessjoe : juste, versatile, puissante, avec un léger grain, que le chanteur accentue plus ou moins au fil des morceaux. Endlessjoe est soutenu par la voix (très) discrète d'une chanteuse (Kris) sur deux titres. "M'en Aller" est tout aussi rock mais plus rapide, les guitares plombées se mélangent avec d'autres plus légères et le refrain est vraiment accrocheur, un style que l'on retrouve encore sur "La Différence "et "Black".
Warnam mélange aussi parfois guitares acoustiques et électriques notamment sur le très tendu "Ma Tune", un titre surprenant qui démarre sur du mélodique pour virer dans un metal plus dur avec des vocaux passés à travers des filtres de distorsion. De même, "Au Nom Du Père" est un morceau alternant tempo moyen et lent, guitares claires, plus épineuses et saturées, qui se dirige ensuite vers un semblant de doom metal sur le dernier tiers avec quelques vocaux parlés.
Titre au sujet quelque peu politique, le bref "Marion" part un peu dans les clichés faciles contre notre ex-président "bien-haï" et les opposants à l'immigration incontrôlée. L'ambiance est légèrement oppressante, sur un arrangement acoustique un peu dissonant avec quelques notes de clavier vaporeux et des percussions (programmées ?)
En fait le seul titre un peu long est "Littlejoe" (écrit d'une drôle de façon comme le surnom du chanteur) dont le climat est sombre dès le départ malgré les guitares claires, quelques nappes de claviers et l'absence de rythme. Sous l'influence du chant aux accents plaintifs et tragiques, le morceau s'enfonce dans une atmosphère malsaine et pesante avant de s'accélérer sur la seconde moitié qui compte un solo de guitare échevelé. L'album se termine de manière un peu plus légère avec un dernier titre accrocheur, où le groupe renoue avec ce qui fait sa force : un mélange de lourdeur et un sens mélodique certain mis au service d'atmosphères mélancoliques.
"Origines" s'avère un premier disque prometteur, plutôt bien produit et bien joué avec quelques moments forts et un chanteur expressif. L'apport de quelques claviers en plus ne serait pas un mal pour étoffer les arrangements. Warnam est groupe à suivre de près dont on espère que le prochain album sera plus long et se concentrera en priorité sur les aspects mélodiques...