Plus de 40 ans de carrière pour Christophe et un nombre important d’albums derrière lui. Touché par la mort de Francis Dreyfus (le fondateur de Motors, le premier label qui le signa) Christophe, poussé par sa fille, décide de remettre aux gouts du jour quelques reliques datant de 1970 à 1996. Cela donnera "Paradis Retrouvé" (un clin d’œil au "Paradis Perdus" autre opus du chanteur).
Il ne faudra pas s’attendre à un disque dans sa définition première mais bien à un album hommage où s’enchaînent des témoignages musicaux de qualité aléatoire sans réelles paroles (de l’anglais mais aussi du yahourt). Christophe a toujours été un découvreur, un bidouilleur ne jetant rien, préférant mettre des chutes et des bouts de chansons quelque part bien au chaud. A l’écoute de "Paradis Retrouvé", ce toc explose au grand jour et provoquera à coup sur soit un adoubement, soit un refus catégorique de l'auditeur.
A vrai dire, dès l’entâme, l’expérimentation prend toute sa dimension avec un jeté de synthés digne des anciens titres de Jean-Michel Jarre (période "Les Champs Magnétiques") munie d’un solo de saxophone démentiel. Si une grande partie des compositions ont déjà fini dans d'autres versions sur un album déjà paru (Take A Night se transformera en Les Tabourets Du Bar par exemple), certaines éclosent pour la première fois : Baby The Babe, Night Welcome, Take It.
Il y a aussi du grave avec cet Hommage A Jean-Michel Desjeunes, journaliste qui s’est suicidé en 1979, que Christophe appréciait. L’atmosphère est lourde, le mid-tempo marque le temps, le chant est en anglais, plusieurs instruments classiques (violon, harmonica) fendillent le titre. Same Thing sent quant à lui le jam à plein nez, se rapprochant des expérimentations du Floyd en son temps ("Ummaguma").
Christophe est un travailleur méthodique et acharné et cet album est un témoignage de son œuvre. Cette démarche permettra à certains de découvrir une autre facette de l’auteur d’Aline, une facette mystérieuse dévoilant un autre homme, un autre artiste. Surprenant, décalé et séduisant... Voici les trois mots qui peuvent définir ce patchwork définitivement hors calibre.