Opuscule au titre prophétique en cela que la mort du groupe a été récemment programmée, A New Ice Age marque le retour de Cathedral au EP, format qu'il exploitait avec générosité à ses débuts, aboutissant même à deux chefs-d'oeuvre du genre, Statik Magik (1994) puis dans une moindre mesure, Hopkins (1996).
Mais si au printemps de sa vie, ces entre-deux lui permettaient surtout d'explorer des terres vierges, de laisser libre court à sa débordante inspiration, témoins les 22 minutes de l'hallucinant "Voyage Of The Homeless Sapien" ou la tentative de marier Doom et Reggae (?) avec "Fire", cet avant-dernier présent ne lui sert pas cette fois-ci de terreau pour expérimenter à tout va mais plutôt d'offrir à ses fidèles deux osties inédites, cadeau avant le testament définitif, justement baptisé The Last Spire.
Pas de (r)évolution, pas de surprise, si ce n'est celle de découvrir en lieu de place de Leo Smee, son bassiste, le mythique Scott Carlsson (Death, Repulsion), et seulement deux nouvelles compositions dont l'exemplaire qualité ne pourra laisser qu'un goût amer dans la bouche. Cathedral a encore de beau reste, cela ne fait aucun doute, même si, et cela pourra sembler contradictoire, il donne aussi l'impression d'avoir fait le tour d'un style unique qui ne ressemble à aucun autre.
Ainsi, avec ses nappes de claviers psychédéliques comme échappées de ces années 70 tant fantasmées, le colorant en son milieu, "Open Mind Surgery" n'étonne pas vraiment. Néanmoins, le plaisir est là, immédiat, celui de pouvoir goûter encore une fois un excellent titre qui aurait pû figurer au menu de The Guessing Game et où le groupe fait son Cathedral, conscient, on le serait à moins avec plus de 20 de carrière, de son style.
Face B du vinyle, seul support existant pour A New Ice Age, "Sabbadaius Sabbatum" surprend en revanche davantage. Certes, la patte des Anglais est toujours là, notamment Lee Dorrian qui possède une voix si particulière et immédiatement identifiable, mais il y a là un rythme tranquille dans sa manière de sonner pourtant ultra Heavy tandis que ce break franchement progressif (celui des seventies, s'entend, dont le chanteur est grand fan) qui le scinde en deux achève d'en faire un vrai petit bijou d'atmosphère.
Plus qu'un ultime souffle et cathedral s'en ira pour toujours. Quand un groupe vous accompagne dans la vie depuis l'adolescence comme c'est le cas pour votre serviteur, écrire cela est bien étrange.