Après une douzaine d'années d'existence et la publication d'albums aux contours expérimentaux, passant tour à tour de longues plages plus ou moins improvisées (Le Vestibule) à un EP de 5 titres / 5 minutes (!), Electric Bird Noise se retrouve aujourd'hui réduit au projet solo de son éminence grise, le multi-instrumentiste américain originaire de Caroline du Sud, Brian Lea McKenzie. Avec ce nouvel album, l'artiste s'aventure dans le monde de la musique électronique, en nous proposant onze titres synthétiques pour la plupart instrumentaux, et couvrant une large période d'influence, allant des débuts du Krautrock pour le côté répétitif et planant, à la pop électro-synthétique des années 80 tout en y ajoutant un petit côté industriel.
Les compositions sont plutôt courtes, l'album couvrant 37 petites minutes, et se basent sur des répétitions de courts thèmes, comme le faisait (ou le fait encore) si bien un groupe comme Orchestral Manœuvre in the Dark. Mais là où ce dernier propose la plupart du temps des structures couplets/refrains somme toute assez classiques, Electric Bird Noise se contente généralement de multiples répétitions du même thème, les variations étant alors apportées par les accompagnements. L'autre grande différence avec les anglais provient de la tonalité industrielle apportée par la "section rythmique" qui vient régulièrement durcir le propos, au point même de donner son identité propre à un titre comme I Miss Those Hardcore Kids, dont le rendu sonore se rapproche de Depeche Mode période Some Great Reward. L'utilisation de percussions aux sonorités tribales viendra encore renforcer cette impression sur I Come From the Earth, un des deux seuls titres "chantés" de l'album, ce dernier vocable restant toutefois à relativiser !
Les plages oscillent ainsi entre des passages très musicaux et abordables (l'enchaînement des trois premières plages par exemple), et des passages plus expérimentaux, un peu moins faciles d'accès (les deux derniers titres), marqués par le côté expérimental cher à Kraftwerk. Le tout constitue une magnifique synthèse des différents courants de musique électronique, la brièveté des morceaux permettant de se concentrer sur l'essentiel, sans jamais déclencher l'irritation parfois inhérente à ce genre de production pour cause de répétitions jusqu'à plus soif de structures simplistes.
Artiste inclassable, Brian Lea McKenzie produit avec ce Desert Jelly un album passionnant, dont la publication en des temps plus lointains lui aurait probablement assuré un succès autre que d'estime, même si en cette époque de revival (cf. le retour au premier plan d'OMD notamment) il convient de se garder de tout jugement définitif sur le sujet. Je ne saurais donc que trop vous conseiller de partir à la découverte de ces petites perles électroniques, qui viendront sans conteste réjouir les tympans de nombre d'entre vous.