La Suisse, ses lacs, ses montagnes, ses vaches et ses fromages, son chocolat, ses quelques groupes de rock progressif, l'accent traînant de ses habitants et leur réputation de calme inébranlable … et Archers and Arrows, quatuor furieux issu des cantons bordant le Lac Léman qui, après un premier EP éponyme publié en 2010, nous propose son premier album intitulé Alone Together.
Malgré la (relative) proximité géographique et un titre d'album reprenant en partie celui du dernier effort de Clepsydra, la musique proposée (décochée devrais-je dire, rapport au nom du groupe) par Archers and Arrows se situe à mille lieux des circonvolutions progressives de la bande à Aluiso Maggini. Alone Together présente en effet 10 titres à l'énergie brute, sans dentelle ni fioriture, bourrés d'énergie.
Dès l'entame, c'est un mur sonore qui se dresse devant les oreilles de l'auditeur, par-dessus lequel le chant tente de se faire une petite place dans l'espace sursaturé et balayé par une section rythmique furieuse : une seule solution pour cela, forcer sur les cordes vocales et délivrer une partition à la fois criée et chantée. La déflagration est brutale, un peu trop même, donnant l'impression de vouloir en mettre plein la vue, au détriment de la musicalité de l'ensemble.
Passés les deux premiers titres, le groupe prend enfin le temps de baisser de temps en temps les "potards" et l'on découvre alors des compositions certes toujours très directes, mais plutôt bien travaillées et à la musicalité sous-jacente. Les chorus restent toujours impressionnants de puissance, mais les variations d'intensité et les mélodies plus travaillées évitent la redite et donnent de l'attrait à cette musique au-delà de sa simple force primale. Le point culminant de l'album est ainsi atteint sur une Danse Macabre plutôt réjouissante (sic !) et qui ravira même les oreilles peu averties à ce type de dynamique, avant que le propos ne retombe quelque peu dans ses travers sur les deux dernières plages.
Doté d'instrumentistes à la technique irréprochable, et malgré un chant qui finit par irriter les oreilles (on peut être puissant sans forcément "gueuler") Archers and Arrows nous délivre un solide premier effort, brûlot qui certes ne se distingue pas par son originalité sur un segment déjà bien encombré, mais qui distille une énergie convaincante qui demandera confirmation à l'avenir avec des compositions un tantinet plus abouties.