Petite bestiole d'une petite vingtaine de minutes, Nurturing Conditions For Rupture n'a pourtant pas besoin d'en étaler davantage pour confirmer tout le bien qu'on pensait de Kess'Khtak, collectif de jeunes pousses énervés basé à Genève, auteur d'un précédent EP, May Not Be The One You Want, il y a presque trois ans déjà.
Comme souvent, l'origine géographique revêt ici toute son importance. Les Suisses, qu'ils forgent du Sludge ou matraquent un bon gros Death Metal qui tache, le font toujours avec une énergie viciée, une rage à haute tension coutumière, qui répondent bien sûr à l'appel de cette courte déflagration. A première vue, Kess'Khtak ne fait ni dans la dentelle ni dans le point de croix.
Rouleaux-compresseur survoltés, les neuf titres remplissant Nurturing Conditions For Rupture avalent les minutes à une vitesse que rien ne vient jamais freiner. A peine noterons-nous un tempo plus lourd le temps du très bon "Compulsing Silence", qui suinte un déclicieux pus malsain. L'écoute file donc très vite. Celle-ci une fois achevée, on n'est pas sûr d'avoir tout compris, si ce n'est qu'on a décidement à faire à des musiciens qui maîtrisent leur sujet. Quand il arbore une cuirasse aussi technique et terrassante, le genre ne pardonne de toute façon pas la médiocrité, soucis que les Suisses ne connaissent pas, c'est ce qui fait leur force.
Mais pas seulement car derrière le mur de brutalité toujours contrôlé qu'ils dressent, ces morceaux se révèlent plus nuancés qu'ils n'en ont l'air de prime abord. Concentrés de violence épidermique, chacun d'entre eux est en réalité extrêmement travaillé, millimétré, loin d'une linéarité qui eut été fâcheuse. Implaccable,"Ripped", que labourent de nombreuses cassures, suffit par exemple à démontrer cette science du riff assassin, de la stratigraphie rythmique de la part d'un combo dont on attend désormais un véritable premier album.