Titre choc pour un album choc signé des américains de The Dillinger Escape Plan à sortir en ce milieu d'année. Suite à une période de doutes et de flottement dans la formation depuis "Option Paralysis", un léger remaniement du lineup avec le retour de James Love à la 6-cordes, les voici revenir avec ce 5ème opus en plus de 15 ans de carrière.
"Option Paralysis" avait vu le groupe pousser les limites d'une musique technique, torturée, aux signatures rythmiques complexes et à la maîtrise technique effrayante. Son successeur "One of Us Is the Killer" va continuer dans cette lignée, affirmant davantage le style du groupe, bien ancré dans ce Mathcore si caractéristique de la formation américaine, sans montrer l'once d'une faiblesse, d'un ralentissement ni d'une hésitation.
Dès l'introduction, The Dillinger Escape Plan va tester son auditoire avec un paradoxe qui lui est cher, un contraste prononcé entre les noms des chansons et la violence qu'elles dégagent. Ainsi, l'excellent 'Prancer', pourtant défini comme nom le plus cheesy possible par Greg Puciato, va cacher un morceau d'une grande violence, aux accroches énormes dans un chaos omniprésent mais toujours sous contrôle. Le travail de Billy Rymer derrière les fûts est tout aussi chaotique, et déroutant tellement il est maîtrisé, remplissant chaque recoin sonore de roulements, où les contre-temps sont appuyés par les guitares dissonnantes d'un Ben Weinman tout aussi précis et rapide. Les influences sont nombreuses, ainsi va-t-on trouver des pattern jazzy et fusion dans 'When I Lost My Bet', très nuancés à la caisse claire et cymbale ride, remarquablement exécuté.
'One Of Us Is The Killer' est le titre le plus mélodique et lent de l'album, marqué par l'introduction et le refrain chantés de Puciato. DEP avait l'habitude de nous fournir quelques chansons plus "Pop", telles que 'Black bubblegum' sur "Ire Works", permettant de contrebalancer les titres plus usants, mais le titre éponyme ne rentre pas dans ce moule, rendant cet album plus ravageur et donc moins diversifié que ces prédécesseurs. Rassurez-vous, les expérimentations sont toujours là, et le talent de The Dillinger Escape Plan est toujours aussi impressionnant dans la composition. Quels esprits assez torturés - à part ceux des Puciato et Weinman - peuvent-ils accoucher de telles compositions ? 'Understanding Decay' et 'Nothing's Funny' sont de parfaits exemples de l'étendue des genres explorés par le groupe... 'When I Lost My Bet' et la sublime instrumentale 'CH 375 268 277 ARS' avec son jeu de guitares torturé témoigne de la technicité mise au service des morceaux.
Illustré par un superbe artwork monochrome d'une plume ensanglantée, ce "One Of Us Is The Killer" vient stabiliser les bases de The Dillinger Escape Plan et confirme sa maitrise pour les structures alambiquées. Cet album marque la réussite du passage du groupe dans l'âge adulte, et une certaine sagesse qui va avec. Très court, comme à leur habitude - à peine 40 minutes -, l'album va droit au but, offrant des réussites sur lesquelles l'avenir du groupe pourra venir s'appuyer dans le futur.