Artlantica est ce que l'on appelle un super groupe. Il réunit en effet des pointures du metal mélodique et s'appuie largement sur les cendres d'Artension, groupe de très grande qualité qui a livré son dernier album en 2004 et dans lequel jouait le clavier-hero Vitalij Kurpij. Il est également considéré comme la suite logique d'Angel Of Eden, selon les propos du claviériste, groupe dans lequel il accompagnait déjà Roger Staffelbach.
Le casting est en effet alléchant puisque l'on y trouve John West au chant (Artension, Royal Hunt), Roger Staffelbach à la guitare (Angel Of Eden, Artension), Mistheria au clavier (Angel Of Eden, Mistheria, Rob Rock) et John Macaluso à la batterie (Ark, Malmsteen, TNT…) plus des invités prestigieux tels que Chris Caffery, le second guitariste de Savatage, Steve Digiorgio (Artension, Sadus, Testament…) et Dani Löble à la batterie (Helloween). Comme pour les films réunissant les stars du moment, qu'importe le casting pourvu que l'on ait la qualité et l'inspiration. Mais l'objectivité commande de faire le plus possible abstraction des attentes légitimes pour analyser cet opus.
L'album débute avec un '2012' très brut et carré qui n'oublie pas les solis brillants et techniques tant à la guitare qu'aux claviers. Dès 'Devout', la voix de John West comme la rythmique ou encore le son du clavier de l'italien Mistheria nous transportent dans un metal néo classique extrêmement bien ficelé. Il apparaît rapidement que dans la plupart des titres, c'est le batteur d'Helloween qui œuvre et non Macaluso au jeu beaucoup moins systématique et au son moins orienté power metal qui n'a finalement enregistré que trois pistes.
Coté voix, John West est assez justement considéré comme un des meilleurs chanteurs de metal mélodique. Avec Artension comme avec Royal Hunt ou dans ses albums solo, il a su démontrer son aisance technique. Sa voix reste toutefois généralement assez froide. Ce manque d'âme ne se vérifie pas totalement dans ce "Accross The Seven Seas" où on ne le reconnait pas toujours mais dans lequel il apparait très à son aise, à l'image du posé ' Across The Seven Seas', du véloce 'Demon In My Mind' ou encore de 'Heresy', remarquablement inspiré par le maître Yngwie J. Malmsteen.
'Return Of The Pharao Pt. 3', l'instrumental, est en fait la suite du diptyque présent sur "The End Of Never" du précédent groupe de Roger Staffelbach, Angel Of Eden. Il est une occasion de plus de faire étalage de la virtuosité de Mistheria et Staffelbach qui rivalisent de technique pour nous servir une avalanche de notes serties d'une certaine inspiration. L'ensemble de l'album respire le néo classique parfaitement maîtrisé, il sait varier les mélodies et les empreintes musicales même si le rythme est globalement assez enlevé à l'exception de la traditionnelle balade 'Ode To My Angel', douce mélopée qui prend largement appui sur le chant épuré de West et le piano limpide de Mistheria. Un petit mot pour finir sur le mixage de Tommy Newton (producteur de Helloween, Gamma Ray, Ark...) et la production de Staffelbach qui sont plutôt de nature à mettre en valeur l'ensemble des protagonistes.
Le perfectionnisme, le talent et l'enthousiasme apparent des musiciens sont palpables. Artlantica nous gratifie donc d'un très bon album de metal mélodique et néo classique teinté de progressif. Il peut clairement s'inscrire dans la droite ligne d'Artension et de Angel Of Eden et ce, pour notre plus grand bonheur.