Il ne m'est pas nécessaire de présenter Bukowski, étoile montante du Stoner Rock français qui dés son premier album, « Amazing Grace », s'est imposée comme une formation extrêmement douée. Leur second album, « Midnight Sons » avait confirmé ce talent et comblé les attentes de la rédaction de MW, et c'est cette année que les franciliens publient leur troisième album, « Hazardous Creatures », dont la pochette se veut un hommage direct au « Nevermind » de Nirvana. Au passage on pouvait voir sur l'artwork d'origine un billet de 1 dollar que les membres du groupe ont décidé de retirer, estimant que le clin d’œil en deviendrait trop évident. Il faut savoir que le groupe a connu de nombreux changements de personnel avec notamment le départ de Niko le batteur (qui a tout de même enregistré cette galette) remplacé par Thibault Morin et l'arrivée de Fred Dusquene comme deuxième guitariste. Un peu de sang neuf n'est pas une mauvaise chose d'autant plus que leur processus de composition a de ce fait entièrement changé .
Les premières notes de 'Keep My Head On' rassurent : Bukowski n'a pas changé. Leur musique est toujours aussi énergique, lourde, incroyablement pêchue et plus que jamais fédératrice. Car s'ils ont toujours excellé dans l'art de composer des refrains coup de poing dans une veine mélodique très marquée, cet aspect de leurs morceaux apparaît plus évident qu'autrefois, confirmant Bukowski dans son statut de groupe de scène, avec un potentiel renforcé par l'arrivée de Fred. Bukowski délivre ainsi des compositions terriblement efficaces, désormais taillées pour les stades comme en attestent les refrains énormes de morceaux comme 'Hardtimes' ou 'Shoot First' qui ont tendance à rappeler The Foo Fighters et qui ne demandent qu'à être repris en chœur par un public enflammé. Ce qui est réellement impressionnant avec ce groupe, c'est cette capacité à structurer leurs morceaux de manière très stratégique avec un feeling évident et un art de la nuance qui leur permet de placer le sommet émotif là où il sera le plus opportun ('Hardtimes' en est un excellent exemple).
Mais nos quatre français savent aussi canaliser leur énergie débordante pour être plus tempéré lorsque cela est approprié. Ainsi 'Brothers Forever' est empreinte d'une grande force tragique tandis que la ballade, légèrement ennuyeuse, 'The Maze' parle des aléas de la vie dans un style qui pourra faire penser à Coldplay en plus péchu. 'Fever' quant à elle rappelle énormément Blue Oyster Cult période « Cultausorus Erectus » et s'avère beaucoup plus convaincante dans un mid tempo nuancé. Au contraire, Bukowski peut se révéler bien plus violent avec un son, une voix hurlée et un style de jeu lourd et haché qui se rapproche du hardcore sur 'Shoot First' ou le titre éponyme, franchement jouissif grâce à un break nerveux empli de superbes doubles voix. L'arrivée de Fred au poste de guitariste rythmique a permis au groupe d'améliorer leurs arrangements, presque tous réalisés à la guitare, comme en témoigne le refrain de 'Troublemaker', brillant par des arpèges et des notes stratégiques dans l'harmonie joués en son clair qui lui donnent une grande consistance.
Ce troisième opus de l'aventure Bukowski est bon à n'en pas douter. La production est toujours aussi grasse et proche du stoner, l'énergie, le talent et le sens de la mélodie sont là et s'expriment pleinement pour le bonheur de nos oreilles et le malheur de nos cervicales. Il manque néanmoins ce petit quelque chose pour en faire un véritable coup de cœur. Une plus grande recherche d'expérimentations, par exemple dans les arrangements, serait la bienvenue. Bukowski a trouvé son style et se contente désormais de l'appliquer. C'est déjà pas si mal...