Ce mini album, qui fait suite au très apprécié "From The Past" est présenté comme un disque intermédiaire d'où certainement son titre "Between". Il représente une introduction à l'album à venir et a pour axe scénaristique l'histoire de Romulus et Rémus. Selon le mythe, ces deux frères, nés d'une louve, sont à l'origine de la fondation de la ville de Rome.
L'introduction symphonique annonce la couleur. Melted Space, projet du claviériste français Pierre Le Pape, fait toujours dans le metal opera. Cette fois, 26 chanteurs et musiciens participent à l'œuvre. Parmi les intervenants, on notera la présence de nombreux artistes français mais aussi de Liv Kristine (Leave's Eyes), Black Messiah (Seth), El Worm (Wormfood) ou encore Ashmedi (Melechesh).
'Dying Legend' bénéficie d'une voix féminine agréable mais manquant un peu de personnalité. C'est le morceau qui se rapproche le plus de l'image qu'on peut se faire du metal symphonique à chanteuse y compris avec le relatif emballement final. Ce titre, comme l'ensemble de l'album, repose sur une musique dont l'orchestration symphonique est très présente.
Les interludes musicaux donnent un caractère cinématographique à l'œuvre de Pierre Le Pape dans laquelle on peut percevoir l'influence de Hans Zimmer ou de John Williams peut-être. 'The Man With Two Faces' plonge en particulier l'auditeur dans un film fantastique ou d'héroic fantasy alors que 'Si Vis Pacem...', toujours aussi orchestré et mélodique, est assez caractéristique de l'opera metal. Dans ce dernier, les différentes voix, dont certaines typées black metal, évoquent les différents personnages de la légende. Le même principe avec une guitare plus tranchante est d'ailleurs appliqué à '...Para Bellum'.
La musique pousse l'emphase jusqu'à l'envoûtement notamment grâce aux plages instrumentales et au rythme assez lourd de l'ensemble même si certains passages plus épiques et rapides émaillent ici ou là cet opus. 'Welcome To This World' réunit ainsi les différents types de voix, un climat lugubre et entêtant et des passages à la double pédale.
Les trois bonus sont de nouvelles versions de titres déjà présents sur l'album précédent paru en 2012. Il s'agit de versions acoustiques, par nature assez intimistes et hispanisantes, pour 'Dante's Memory' et d'une version orchestrale assez angoissante, alternant growl et voix féminine pour "War for the world".
La sempiternelle comparaison avec Ayreon ou Avantasia ne tient que par la participation de multiples chanteurs et chanteuses. A part cela, le registre est incomparable. L'orchestration est davantage mise en avant de sorte à créer une ambiance soignée et classieuse. L'atmosphère est à la fois très sombre, cinématographique et par moment agressives. On regrettera la courte durée de ce projet pourtant très ambitieux qui sait mêler avec talent la musique classique, la musique de film, le metal mélodique et l'extrême. Espérons que le futur album assouvira tous les attentes nées de ce mini album qui décidément passe bien trop vite.