Chechmate a acquis sa réputation d'espoir français de la scène metalcore en tournant en Europe comme aux Etats-Unis, le tout sans label. Les deux premiers EP avaient également permis de convaincre. La sortie d'"immanence", leur premier album était donc particulièrement attendue.
Que ce soit cette grâce à cette expérience acquise sur scène ou bien la bénéfique influence d'Alan Douches au mastering (Mastodon, Whitechapel…) ou de Guyon Pavesi (Devianz, The Prestige…), ce qui est certain c'est que les jeunes parisiens ont un sens de la composition et de l'exécution qui respirent la maturité. Ils savent allier dans une belle harmonie l'agressivité, la finesse, les hurlements et la mélodie. Ce qui fait de ce premier album un coup d'éclat. L'alternance de riffs très syncopés modernes, de rythmiques metal plus traditionnelles et de passages plus aériens donne une personnalité séduisante et riche à Checkmate. A tel point que l'étiquette originale de metalcore progressif pourrait presque convenir. Il suffit d'écouter 'Fake Golden Kingdom' pour se convaincre de la richesse de la musique du quintet. On s'éloigne assez largement du Punk hardcore qui pouvait caractériser les précurseurs du genre.
Le refrain et les lignes mélodiques de guitare d'un titre tel que 'Invictus' , 'I.M.A.' ou encore 'Blank Page' pourront séduire les metalleux toutes catégories. C'est donc sans complexe et sans volonté d'en faire trop que Julien Lebon et sa bande ont composé cet album aux ambiances variées. La batterie de Marc-Anthony Marchand, elle non plus, ne se contente pas de faire du blast beat et de la double pédale à tout va. C'est là aussi la diversité et l'énergie qui prédominent avec des variations très pertinentes dans le jeu du batteur, admirablement épaulé par Simon Cotier à la basse.
L'interlude atmosphérique 'Moving Backwards…' confirme cette intention de faire passer l'auditeur par toutes les émotions. Il introduit un '…Despite The Years' au chant hurlé mais aux rythmiques parfois assez mélodiques. La variété des types de chant est là aussi fort appréciable puisque divers degrés d'agressivité sont présents. Ce qui est particulièrement remarquable c'est la construction de nombreux titres. 'Blank Page' est à ce titre exemplaire avec son passage instrumental très doux et ses accélérations successives. La lourdeur laisse donc parfois place à la suavité des arpèges.
Ne nous y trompons pas, Checkmate ne renie pas son étiquette de metal hardcore et présente bien des facettes extrêmes. Mais ce style est sublimé par l'originalité, la recherche mélodique et la variété des ambiances. Si vous aimez ce style ou que vous êtes un tant soit peu curieux, jetez y une oreille attentive et vous serez certainement séduits.