Dans la famille Morse, je voudrais … Tim ! Il est comme ça des noms prédestinés dont les porteurs semblent nourrir une inclination particulière au rock progressif. Mais si Neal et Alan Morse sont frères, ne cherchez pas de lien de parenté avec Tim : il ne s'agit que d'homonymie.
Tim Morse est un musicien occasionnel ou, à tout le moins, peu prolifique. Après "Transformation" paru en 2005, "Faithscience" n'est que son second album. Comme pour le premier, Tim Morse s'est assuré la collaboration du producteur et multi-instrumentiste Mark Dean et d'une kyrielle de musiciens et choristes répartis en quatre groupes distincts, l'album ayant été enregistré dans différents studios.
"Faithscience" reprend peu ou prou là où nous avait laissé "Transformation". D'ailleurs, le premier titre, 'Descent', fait écho au dernier titre de l'album précédent, 'Ascension', dans la plus pure tradition conceptuelle du progressif. Comme sur son premier album, Tim Morse alterne titres doux et acoustiques et morceaux plus dynamiques et étoffés où les claviers se taillent souvent la part du lion. Le progressif selon Tim Morse a un petit goût seventies sympathique. En terme de filiation, même s'il a fait partie d'un tribute band à Yes, c'est plutôt du côté d'ELP et des premiers Genesis qu'il semble puiser son inspiration.
Ainsi, 'Descent' est une intro instrumentale sur laquelle Tim Morse démontre sa virtuosité sur toute une panoplie de claviers, rappelant Keith Emerson, alors que l'entrelacement des claviers et des guitares, les changements de thèmes très mélodiques, le son vintage de 'Voyager' font penser aux premiers albums de Genesis ou à "The Geese And The Ghost" d'Anthony Phillips. Malheureusement, si les intentions sont bonnes, les mélodies souffrent parfois de trous d'air et des passages vraiment très réussis côtoient des musiques qui flottent un peu, donnant l'impression que l'américain s'est perdu dans le labyrinthe de ses idées.
Par ailleurs si le timbre de Tim Morse est agréable, sa voix manque cependant de puissance et de charisme, une lacune qui l'empêche parfois d'emporter l'auditeur comme aurait su le faire un Peter Gabriel. Elle est beaucoup plus convaincante sur les titres acoustiques ('Window', 'Numb', 'Afterword', 'The Corners') où sa légèreté se marie admirablement à celle des arpèges de piano ou de guitare qui l'accompagnent pour délivrer de petites perles mélancoliques et romantiques sur lesquelles l'esprit vagabonde sans difficulté.
Si vous avez été séduit par le précédent opus, il n'y a pas de raison pour que celui-ci vous déplaise. A l'inverse, si vous n'aviez pas été enthousiasmé par "Transformation", "Faithscience" ne devrait pas vous faire meilleure impression. Bien que l'album soit en demi-teinte, il contient néanmoins suffisamment de bons moments, notamment sur les respirations acoustiques, pour mériter qu'on lui accorde un minimum d'attention.