20 ans de carrière déjà pour nos Mendiants spirituels ! 8 albums studio pour la bande à Michael Amott pour qui Carcass et Arch Enemy ne suffisait heureusement pas. Et il faut dire qu'avec l'arrivé d'Apollo Papathanasio en 2010, le groupe, évolue encore et passe d'un stoner solide à un Hard rock 70's du meilleur cru. Pas un solo, une mélodie, un riff ou une ligne de chant n'est à jeter dans cet "Earth Blues" dantesque !
Produit par Amott et intelligemment mis en son par Staffan Karlsson, cet album franchit une nouvelle étape dans l'association "Esprit des 70's" et modernité, parvenant parallèlement à faire cohabiter l'épique et la concision. Vous êtes fan de Rainbow, d'Uriah Heep, des riffs lourds à la Black Sabbath ? Cet album est fait pour vous et soyez assurés qu'il tiendra vite le haut du pavé dans votre cdthèque.
Les quatre premiers titres ne vous laissent d'ailleurs pas le moindre répit. La délicieuse mise en bouche qu'est 'Wise As A serpent' voit Ludwig Witt (Grand Magus) marteler ses fûts à l'ancienne tandis que l'Hammond de Pier Wiberg, une fois encore irréprochable et divin tout au long de l'album, crache sa rouille tel un serpent son venin. Ajoutez-y un tambourin pour l'ambiance et la voix suave d'un Papathanasio (allant d'un Coverdale à un Graham Bonnet) et vous avez là 2 minutes de bonheur et un refrain mémorable.
Et si le single 'Turn The Tide' envoi du riff avec efficacité, il ne parviendra pas pour autant à voler la vedette à un 'Sweet Magic Pain' liant la lourdeur d'un riff à la Sabbath à des couplets basse/batterie bluffants et chaloupés, rappelant si besoin est que ces gars comptent parmi les meilleurs et possèdent un sens inné de la mélodie, ou à un 'Hello Sorrow' qui balance du groove, du clavier (gros boulot de Pier ici) et du Ass-shaking avec un aplomb impressionnant.
D'autres titres possèdent une puissance égale et, se révélant bien plus riche qu'on ne le croit au fil des écoutes, font preuve d'un réel talent de composition. 'One Man's Curse' par exemple allie les claviers sautillants que ne renierait pas un Neal Morse avec un Hard Rock brûlant, créant une formule se passant de tout commentaire. Contenant un des meilleurs refrains de l'album, ce titre nous gâte lors d'un solo tout droit sorti du 5ème épisode de Starsky et Hutch. Les véloces 'Road To Madness' (déroulant un riff à la Blackmore sur une rythmique tout en roulement de caisse claire) et l'imposante 'Freedom Song' (ces coquins ont gardés leurs meilleurs riffs pour la fin, proposant un album qui ne mollit jamais !) possèdent un grain incomparable tandis que le triptyque 'Too Old To Die Young' mêle congas et riffs d'acier sur une première partie qui semble issue des sessions de "Burn" de Deep Purple pour ensuite proposer un chant haut perché à la David Byron Uriah Heep sur de légers arpèges de guitare et exploser dans un final psychédélique véloce gavé de cow bell frénétique. Mais où vont-ils chercher tout ça ???
Dans un tel environnement, la reprise du groupe de Soul Funk RareEarth 'Dreamer' ne fait absolument pas tâche, garnie qu'elle est d'un final instrumental digne des meilleurs Rainbow et l'hommage à '16th Century Greensleeves' qu'est l'hypnotique 'Kingmaker' met une fois de plus en avant les talents de l'ex-Opeth Per Weiberg. La maestria des 70's associée au très gros son d'aujourd'hui rayonne sur "Earth Blues" et son final 'Legends Collapse', coup final porté avec classe et retenue à un auditeur comblé !
Difficile de bouder quoi que ce soit ici, même pour les fines bouches qui habituellement vous trouvent trop de basse par ci, pas assez d'aigus par là, une tendance intrinsèquement trop basique ou des influences pas assez digérées et j'en passe ! Non, non. Ici, le groupe vous choppe par les joyeuses pour ne vous lâcher qu'une fois l'album fini ! "This Record Was Made To Be Played Loud !" affirme Amott ! Vous savez ce qu'il vous reste à faire.