Sous le patronyme de City and Colour, jeu de mot en référence à son propre nom, se cache le projet solo du canadien Dallas Green, chanteur et guitariste de feu le groupe de post hard-core Alexisonfire, dans lequel il jouait un rôle de "modérateur sonore" à l'opposé des hurlements du chanteur titulaire (merci à Wikipedia pour la bio !). The Hurry and The Harm est le quatrième album d'une discographie tournée vers une musique pop/folk majoritairement acoustique.
Les compositions proposées ici s'avèrent effectivement bien éloignées du style furieux décliné par l'ancien groupe de Dallas Green, se nourrissant d'influences folk typiquement nord-américaines, agrémentées d'un zeste de country. On croise aussi au détour des différents titres quelques influences d'un autre canadien célèbre, un certain Neil Young, mais aussi des intonations qui rappellent les travaux solitaires de Mark Knopfler, notamment dans les interventions feutrées de guitare ou dans les sonorités vintages de clavier.
A l'exception de l'électrique Thirst, les instrumentations sont centrées autour de la guitare sèche tenue par le maître des lieux et les quelques saillies guitaristiques présentes ne sont finalement que des enluminures cantonnées à l'arrière-plan destinées à mettre particulièrement en valeur la voix aiguë de Dallas, au timbre légèrement voilé et flirtant en permanence avec la voix de tête. Les compositions se présentent donc sous la forme de chansons au format classique couplet/refrain, et si certaines peuvent évoquer les grands espaces, la plupart s'avèrent propices à une écoute au coin du feu, sagement lové dans son canapé.
Et c'est peut-être là que le bât blesse à l'écoute de cet album. Malgré une interprétation sans faille et des arrangements soignés, un chant au-dessus de tout soupçon avec une justesse remarquable qui n'est pas forcément l'apanage des chanteurs évoluant ainsi dans les aigus, l'enchaînement de titres par trop semblables tant dans la construction que dans le rendu sonore finit par confiner à l'ennui et laisser espérer une fin rapide. Au-delà même de ce simple constat que les écoutes répétées ne parviendront pas à dissiper, ces chansons passent entre les oreilles sans y laisser de réelle trace mémorisable ce qui s'avère bien dommage compte tenu des éléments précédemment évoqués.
The Hurry and The Harm reste toutefois une galette agréable à écouter, offrant 50 minutes de musique plutôt bien ficelée, mais à laquelle il manque le petit quelque chose qui lui permettrait de décoller véritablement. Elle conviendra aux âmes mélancoliques cherchant un accompagnement non invasif à leur humeur du moment.