Quintet de la Bay Area de San Francisco, Biv and The Mnemonics joue un folk rock qui n'oublie pas les éléments psychédéliques de la fin des années soixante dont cette région ensoleillée a été l'une des places centrales...
La frénésie passéiste qui touche les USA a encore frappé avec ce second album que l'on pourrait croire enregistré il y plus de quarante ans ! Tout y est, batterie un peu feutrée, guitares métalliques et la bonne dose de reverb sur celles-ci et sur la voix ! Souvenirs, souvenirs... Phish semble avant-gardiste comparé à ces enfants du Grateful Dead et du Jefferson Airplane mâtinés de folk américain – à moins que ce ne soit plutôt l'inverse ! Le groupe possède aussi quelques influences plus anglaises, celles des Kinks et des Rolling Stones. Biv and The Mnemonics compte plusieurs chanteurs et les passages en chœurs ne manquent pas. Ce sont surtout l'un des deux fondateurs (Paggi ou Lang) et la claviériste d'origine néozélandaise Jessie Alsop qui se partagent les parties vocales, l'un soutenant l'autre à tour de rôle, ou les deux chantant en chœur. Le premier possède un timbre médium et un style nonchalant (qui peut rappeler Steve Kilbey de The Church) tandis que la seconde chante d'une voix plutôt douce et aiguë mais non dénuée de force à l'occasion.
Le morceau-titre en ouverture plante le décor : un folk rock plutôt acoustique puis électrique arrangé avec des claviers (orgue Hammond, piano, un peu de piano électrique), avec quelques teintes country mais aussi des sons rappelant ceux de la fin des années 60 et ses petites expérimentations sonores. Tout cela n'est guère agressif et les harmonies vocales donnent un aspect plus lisse aux refrains. Biv vire davantage au rock – toujours typé fin des 60's – avec "Critically Cool" et surtout "Manifest Destiny", où l'on braille joyeusement. On croirait presque les Stones avec des claviers et des chœurs ! "Ain't On Our Way" est plus bluesy mais acoustique avec un harmonica très typé.
Un des sommets de l'album est le plus long "Hella", titre aux mélodies inspirées, aux harmonies vocales légères, dominée par une basse ronflante à la Jack Casadi (Hot Tuna, Jefferson Airplane), qui mêle guitares acoustiques sur certaines sections et guitares électriques et orgue Hammond façon Pink Floyd sur d'autres. Le groupe devrait vraiment poursuivre dans cette voie. Autre très beau moment nettement plus folk, l'intimiste "The Winding Rivers Of Northern California" met en valeur la voix douce de Jessie Alsop, sorte de Sandy Denny. Le morceau est illuminé de jolie parties de guitare sur la deuxième moitié dans laquelle le morceau prend un côté country. Le groupe finit enfin dans la joie et la bonne humeur avec deux titres plus festifs que sont "Ladies Of The Hotel Shahil" mené par les accords de piano et un orgue rétro suivi de la pseudo-ballade au rythme chaloupé "Long Arm of The Law".
"The Pace" est un album hors du temps qui n'est pas dénué de quelques petites imperfections (le chant masculin est un peu fragile) mais qui est bien produit, mélodiquement inspiré, varié et parfois plein de sensibilité. Biv and The Mnemonics : un nom inhabituel pour un groupe qui ne l'est pas moins.