Quand on est originaire de Melbourne il n’y a pas des centaines de manières d’aborder la musique. Soit on se place dans cette mouvance progressive ou alternative qui explose depuis quelques années, soit on opte pour le hard rock tel qu’AC/DC l’a défriché, il y a 35 ans. Destroy She Said est de cette dernière obédience, avec un quintet taillé pour en découdre, mêlant rock dur qui tâche et stoner abrasif. Down To Dirty, le premier méfait du groupe, est un album direct et burné qui ravira les amateurs du genre.
Les premières notes mettent dans une ambiance poussiéreuse et sale qui ne quittera pas l’auditeur jusqu’au dernier titre. Ca sent la sueur, le cambouis et le houblon. La jubilation est immédiate. Destroy She Said n’est pas là pour perdre du temps avec le riff parfait ou le réglage millimétré. Avec Down To Dirty c’est un peu comme à l’ancienne, les prises de son sont épurées, on se branche et on joue. Le chanteur Simon McCullough, dont la voix est un croisement entre Glenn Hughes et Bon Scott, met ses cordes vocales dans le rouge ("Game Over") avec ce supplément de virilité qui donne envie de crier avec lui.
Ces cinq australiens connaissent leur classique sur le bout des doigts et le hard rock qu’ils nous offrent est d’une énergie communicative. Inutile de retenir ses pulsions sur "Drivin’ Machine" ou "Fanta Pants" car on ne peut pas lutter devant cet appel du corps. Les coups de boutoir de Greg Aldridge à la batterie sont francs et les soli de Youngy et Dave Walker ("Hookers Don’t Kiss") sont des modèles à la manière du maître Angus. Destroy She Said pousse la machine jusqu’aux limites du Stoner avec un rythme lourd et terreux ("It’s Coming Out Now") et s’engouffre même dans l’atmosphère fumeuse du psychédélique avec le tellurique "You Might Think I Love You".
Down To Dirty est un coup de botte dans les parties, un disque carré qui s’écoute d’une traite. Destroy She Said ne fait pas dans l’original ni dans la pâle copie de ses références avec son interprétation du rock puisant autant dans la puissance du hard que la densité du stoner. Les amateurs de Rose Tatoo, AC/DC et même Black Sabbath aimeront se brûler les tympans avec ce Down To Dirty irrésistible.