Alors que depuis quelques années déjà de nombreuses jeunes (et moins jeunes) formations donnent dans le Revival d'un style que le groupe a lui-même contribué à forger, Deep Purple continue son bonhomme de chemin, bien loin des voies Hard Rock empruntées fut un temps, il y a plus de 40 ans déjà.
Aujourd'hui le groupe, stabilisant son line-up depuis trois albums déjà, propose un Rock class(iqu)e de haute volée. Et alors que certains les croyaient partis en tournée pour toujours, les musiciens désireux de se renouveler, mais aussi tentés par l'offre alléchante d'une autre légende Bob Erzin ont repris la route des studios.
La démarche est louable et la qualité de la musique, dans le son comme la composition et l'interprétation ne peut souffrir d'aucune critique. Il y a ceux qui apprécieront et d'autres non. Mais ceux là ont quitté le navire depuis longtemps, après "Who Do We Think We Are", "Stormbringer", "Slaves And Master", "The Battle Rages On" par exemple ou "Purpendicular". Seul lien indéfectible entre chacun des albums du groupe, Paice, la force tranquille, continue de briller par un groove inaltérable. On le retrouve d’ailleurs mis en avant sur l’une des meilleures introductions de l’album, 'Bodyline' dont l’aura évoque un certain 'Rosa’s Cantina'.
Tout comme "The Ratpure Of The Deep" en son temps, "Now What" apporte avec plus de lumière et de fraicheur peut être, son lot de classiques et de surprises.
Au rayon des classiques, nous retrouvons le single 'Hell To Pay', 'AprèsVous' riche en soli ou 'Weirdistan' au solo de clavier bizarre (peu surprenant avec un tel titre ?) où grosse rythmique et gros riff aux inflexions orientales vont de bon train même si sur la fin le groupe apporte un remaniement suffisant permettant de maintenir l’attention. 'Out Of Hand' et son envergure à la 'Perfect Strangers' est sans doute le titre le plus mémorable du lot, bénéficiant d’un superbe travail vocal sur le refrain (la voix de Gillan est d’ailleurs souvent trafiquée en ce début d’album).
Et puis il y a les surprises, toutes bonnes ici comme cette ouverture d’album à contre-pied, tout en douceur, évoquant fortement les intro épiques des derniers opus d’Iron Maiden. Deep Purple n’a plus besoin d’explosion pour lancer la machine et 'Simple Song', si elle durcit le ton en guitare et clavier durant la seconde partie, se fait avant tout douce et nostalgique. Et que dire de 'Blood From A Stone', grave et épuré, digne d’un 'When A Blind Man Cries' ou d' 'Uncommon Man', son opposé en tout point, grandiloquent et surprenant, sorte de montage de bric et de broc (une intro de claviers semblant annoncer l’arrivée d’un Jules César) mais qui au final interpelle et captive. Puisque l'on évoque la fin de l'album, ajoutons 'All The Time In The World' et sa nonchalance à la Knopfler ou cet hommage vibrant et glauque à l'acteur Vincent Price, tout en échos, samples et riffs ténébreux.
Et comme Purple se la joue Kinder pour adulte, d'autres surprises, plus discrètes et ancrées dans la formule éprouvée, apportent le sang neuf nécessaire au plaisir partagé comme le démarrage tout en corde d' 'Out Of Hand', les gros chœurs du premier single, les douces et naïves mélodies de claviers qui sauvent 'Above And Beyond' et les sorties de sentiers battus sur quelques reprises, ponts et breaks (‘Weirdistan’ ou la construction d’ 'Après Vous').
Voilà donc une autre réussite à accorder au groupe, décidément en grande forme et pas prêt à raccrocher les gants. Les interventions de guitare et de claviers sont peut être plus puissantes et spontanées que dans "Rapture Of The Deep" (cette longue intro de Morse sur 'Uncommon Man') et Gillan est de plus en plus raisonnable avec sa voix (quelle classe dans les graves sur 'Blood From A Stone'). Un album sans grand hit mais bourré de très bon titres et plus intéressant et innovant dans sa seconde partie si l'on fait abstraction du dispensable bonus 'It'll Be Me'.