Le nom du groupe For Absent Friends fera immanquablement référence à Genesis pour les connaisseurs puisqu'il s'agit d'un titre de l'incontournable "Nursery Crime" paru en 1971. Mais c'est de néo progressif dont il s'agit. La musique de ce 'Both Worlds' ne s'inscrit pas directement dans les pas du Genesis de Peter Gabriel mais davantage dans celui de Phil Collins ou encore de Marillion. Car là où Genesis était inspiré, poétique et créatif, For Absent Friends est appliqué, sérieux et juste propre.
Pourtant l'album s'ouvre sur un 'Both Worlds' plutôt réussi et prenant avec une délicatesse personnelle. La mélodie est belle, l'atmosphère et la personnalité feutrée qui se dégagent mettent incontestablement cet opus et ce groupe sur de bons rails. Le travail du guitariste est remarquablement ciselé soutenu par une basse tout en rondeur. On pourra juste y reprocher un coté répétitif.
Dès 'Attitude', le rythme s'accélère un peu pour rappeler certains titres de l'album "Abacab" de Genesis. Même si le refrain reste accrocheur, For Absent Friends tombe ici dans un rock FM qui colle à Phil Collins avec une froideur et une personnalité moins expressive et moins délicate. Les efforts de René Bacchus (basse) et d'Edwin Roes (guitare) ne suffiront pas à rendre ce titre intéressant. 'Different Faces' est court (2 minutes et 20 secondes), porté de main de maître par un riff élégant et pointu ainsi que par la chant sensuel de Tim Toonen.
La suite ne sera qu'alternance de titres inspirés et de morceaux plus standards frisant parfois l'ennui. Parmi les belles réussites, citons 'Never Ending Rain' où le chant d'Alex Toonen prend toute son ampleur. Mais le musicien clairement le mieux servi sur l'ensemble de l'album reste Edwin Roes. Le guitariste batave enchaîne les soli et les plans mélodiques titre après titre avec un son en adéquation avec l'ensemble d'une production assez froide et passe partout. Il parvient toutefois à illuminer tout l'album de sa classe. La basse de René Bacchus n'est pas en reste puisqu'elle ressort largement dans chaque morceau, notamment dans le très bon 'Tell Me'.
Les structures sont elles aussi assez classiques avec des refrains très marqués mais rarement dans un état d'esprit progressif. Quelques passages plus calmes donneront un peu l'occasion d'une expression travaillée. Il y a de vrais bons moments dans ce "Both Worlds". 'FAF' est par exemple agréable, riche et bien construit. Malheureusement, l'impression générale reste mitigée à cause de cet aspect trop maîtrisé, trop poli ou trop lisse.
Plus que Genesis c'est donc à Marillion que fait souvent penser la musique de For Absent Friends, sans la personnalité de Fish ni l'expressivité de Steve Hogarth cependant. Avec des plans et une production qui rappelleront davantage Toto, c'est donc une forme de rock néo progressif FM aseptisé que présentent les hollandais sur ce premier album.