Dans le foisonnement des productions progressives venant de Pologne, il faut remarquer que la qualité est bien souvent au rendez-vous. Il y a fréquemment cette qualité sonore, faite de profondeur et de précision, alliée à une belle patte mélodique, qui rendent la musique accessible et plaisante. Le quintette Soma White ne fait pas exception à cette règle en nous proposant un premier album éponyme dans un style entre néo-progressif et métal soft facilement assimilable.

Reste à se démarquer des productions environnantes ... L’originalité du combo réside dans l’absence de basse (il est logique de supposer qu’elles sont assurées aux claviers, ce qui donne un son rond et profond, toujours mélodique mais qui manque parfois un peu de mordant), mais aussi dans la présence d’une chanteuse au micro. Hania Zmuda ne se contente pas de chanter, elle apporte une petite touche décalée à son interprétation, un peu à la manière de Nina Hagen (en plus discret) ou de Catherine Ringer, en n’hésitant pas à jouer dans ses interventions. Cet exercice est au final très appréciable, surtout quand le jeu est comme ici bien employé, c’est-à-dire sans en faire des tonnes.

Les vocalises sans paroles sont également souvent présentes, utilisées comme élément atmosphérique, que ce soit en arrière-plan du piano (‘Respect - A tribute for the Nature’) ou de façon un peu plus orientalisante dans ‘On The Shore’. D’une façon générale, Soma White travaille sur un style plutôt atmosphérique, privilégiant les empilements graduels d’arrangements aux gros solos instrumentaux avec variations. Si ce choix donne une belle continuité d’ambiances, il pourra aussi frustrer les amateurs de gros délires instrumentaux puisque seuls ‘Better Reality’ et ‘Travel Story’ offrent des soli de guitare.

Le travail des claviers est remarquable sur l’ensemble de l’album. Assurant le fond rythmique et les ajouts indispensables aux touches atmosphériques, ce sont les vraies vedettes de l’album, proposant parfois des touches électro ou plus rock comme ‘A Day to Overcome’ ou ‘Travel Story’, qui ne sont pas les titres les plus réussis : nous préférons les ambiances plus continues d’un Better Reality, d’un Grateful avec cette opposition claviers planants-basse virevoltante qui n’est pas sans rappeler les ‘Reality Dreams’ de Riverside, ou les empilements atmosphériques façon Anathema de ‘Pure Nonsense’.

Bonne pioche donc pour un premier album : Soma White a réussi à concilier une bonne qualité musicale avec une certaine originalité. Reste que le parti-pris totalement atmosphérique est un léger facteur limitant ; il manque ce petit coup au plexus que peut apporter un joli solo bien lancé ou des contrastes habilement placés. Si les premiers morceaux intriguent par le soin apporté aux ambiances, sur la totalité de l’album il est permis de souhaiter que Soma White élargisse son univers en proposant plus de développements. Le groupe paraît largement en avoir les moyens.

NB : pour information, le CD est présenté dans un superbe écrin "fait maison", capitonné de velours à l'intérieur et se fermant via de petits aimants. Du jamais vu.