Quand bien même elle n’a jamais pu bénéficier ni d’une aura identique ni d’une identité réellement affirmée (ceci expliquant sans doute cela) à la chapelle suédoise, il existe pourtant une scène Death hollandaise contemporaine des premiers grognements de bêtes en rut. D’une certaine manière, Janus de l’extrême, lourd et morbide lors de ses vertes années, misant sur une technicité quasi progressive par la suite, Pestilence incarne les deux facettes de cette scène batave. Malgré la présence dans ses rangs d’un ancien batteur du groupe de Patrick Mameli justement (Yuma van Eekelen), The New Dominion n’arbore pourtant aucun de ces deux visages, architecte d’un Death moderne et mélodique à la fois.
Masterisé au Fascination Street Studios par l'incontournable Jens Bogren et habillé d'un visuel dû à Niklas Sundin de Dark Tranquillity, Procreating The Undivine sonne presque plus suédois que néérlandais ("Ommatidea"). Ce détail n'est pas sans importance en cela qu'il suggère une direction pas seulement moderne mais quasi évolutive sinon extrêmement technique. Ce qui n'étonnera personne eu égard aux capacités de ses géniteurs parmi lesquels, outre Yuma, on trouve également derrière la console Bart Hennephof de Textures.
Ca joue donc très bien, le canevas s'étire souvent bien au-delà des cinq minutes réglementaires et avec intelligence, cette maîtrise est toujours mise au service d'une musique agressive que n'exonère pas une certaine noirceur de ton, à l'image de "Transcending The Blood", dont les guitares sécrètent une beauté triste magnifique. Il suffit en outre d'écouter le long (soit plus de 8 minutes au compteur) "The Eclectic Splitting On Tongues" pour cerner l'identité de The New Dominion, composition aux multiples strates, où complexité rime avec une profonde mélancolie.
Reprenant les choses là où les avait laissées ... And Kindling Deadly Slumber, Procreating The Undivine est une oeuvre d'une densité extrême, bloc intense de matières en fusion, tour à tour rapide comme un torrent en crue ("Perverted To Perfection", perforation aux nombreuses cassures), propulsé par une rythmique implacable (mâtin, quel jeu de batterie !). Si le chant mériterait d'être plus original, le maillage instrumental se veut quant à lui toujours redoutable. Chaque titre charrie un amas de chairs tranchantes où la violence alterne avec des parties plus progressives, plus atmosphériques parfois, sombres la plupart du temps ("Slaves Of Ablaze").
Bref, The New Dominion réussit en quelque sorte là où Pestilence se vautre dans les grandes largeurs depuis sa résurrection à savoir être à la fois technique, puissant et inspiré.