Ami lecteur, si un jour par curiosité tu ouvres le livret accompagnant le troisième album d'Orchestral Manœuvres in the Dark (OMD), publié en cette année 1981, tu pourras relever dans la liste des instruments joués par McCluskey, la présence plutôt incongrue au regard du parcours très électronique du groupe, d'un mellotron, utilisé de manière beaucoup moins conventionnelle que dans le monde merveilleux du progressif aux sonorités héritées des 70's.
Dans le même ordre d'idée, si la présence de samples est aujourd'hui chose courante dans de nombreuses productions musicales, leur introduction par OMD il y a plus de 30 ans avec des moyens qui ne le permettaient probablement pas de manière aussi simple qu'actuellement, révèle une nouvelle fois combien ce groupe a pu être le précurseur d'une certaine pop électronique, et inspirateur de nombreux groupes qui l'ont suivi.
Et la musique dans tout cela ? Même si la qualité artistique d'une œuvre ne se mesure pas toujours au succès qu'elle a pu rencontrer, "Architecture & Morality" est néanmoins à classer dans cette tendance, étant à ce jour, et probablement de manière définitive, le plus grand succès commercial d'OMD, ceci s'avérant tout à fait justifié au regard de la splendide pop électronique proposée sur cet album.
Comme d'habitude chez notre duo, épaulé pour l'occasion par trois autres musiciens devenus permanents du groupe, commençons par les tubes. De l'inoubliable Souvenir dont une banque française fit son hymne publicitaire durant de longues années, au celtisant 'Maid of Orleans' en passant par le décalé Joan of Arc, nous tenons là de nouveau trois pépites à la mélodie imparable, réalisées avec un soin et une minutie incroyable, portés par une production qui surpasse et de loin ce que le groupe a pu réaliser précédemment.
Ceci ne l'amène pas à renier ses premiers amours et ses expérimentations, au point d'ouvrir l'album avec un improbable 'The New Stone Age', et de planter en milieu d'album un titre éponyme aussi étrange que mystérieux ou encore 'Sealand', longue complainte mélancolique aux accents industriels. Et comme pour faire le pendant à son prédécesseur, se retrouvent également une pépite oubliée (Georgia) et un final tout en harmonie, clôturant en douceur et en rondeur une nouvelle merveille d'album de pop mélodique.
Avec "Architecture & Morality", OMD se retrouve propulsé au faite d'une gloire qu'il n'avait pas forcément anticipée. La réécoute de cet album plus de 30 ans après sa publication vient pourtant confirmer qu'elle était tout sauf imméritée, même si la suite de l'histoire a montré que le groupe ne l'a pas forcément bien supporté. Mais ceci est une autre histoire !