Poursuivant son rythme infernal de sorties, OMD publie en 1985 son sixième album en 6 ans, poursuivant avec Crush le virage pop/rock entamé avec sa précédente parution.
Fidèle à ses habitudes, le groupe démarre cette nouvelle galette sur les chapeaux de roue, proposant avec So in Love et Secrets deux petits bijoux de pop finement ciselée, la présence d'une véritable batterie apportant de surcroît une vraie plus-value à ces deux titres. Mais, contrairement à son prédécesseur, le soufflé ne va pas retomber et la suite du programme va s'avérer tout aussi passionnante.
Ce sont tout d'abord d'autres titres pop/rock qui, loin de s'avérer futiles, vont contribuer à asseoir la nouvelle orientation prise par le groupe. Là où Junk Culture ne parvenait pas à décoller, ce nouvel album peut compter sur des morceaux comme Women III ou encore Hold You pour apporter variété et qualité à l'ensemble. Ceci n'empêche pas OMD de conserver un lien même ténu avec ses premières amours expérimentales, et le morceau titre Crush, assemblage hétéroclite de samples et de boucles électroniques, va se rappeler au bon souvenir des nostalgiques de la première époque du groupe.
Et puis, comment ne pas mentionner le "duo de choc" constitué par l'enchaînement de 88 Seconds in Greensboro et The Native Daughters of the Golden West ? Ces deux morceaux font encore figure à ce jour d'exceptions dans la discographie d'OMD, en raison de leur tonalité rock fortement marquée : guitares psychédéliques stridentes pour le premier, batterie à la frappe très lourde et guitare saturée pour le second, l'univers électronique habituel du groupe est bien loin, et la différence marquée par ces deux plages renforce encore un peu plus l'intérêt de ce disque.
Quant à la clôture de l'album, elle est tout simplement bien dosée, nimbant l'auditeur dans une sorte d'atmosphère ouatée qui n'est pas sans rappeler d'ailleurs l'univers de Depeche Mode (The Lights are Going Out), fermant ainsi idéalement un album pas toujours considéré à sa juste valeur.
Moins célèbre que les trois premiers efforts du groupe, probablement en raison de la concurrence accrue sur le secteur en ce milieu des années 80's, Crush se révèle avec le temps comme une collection consistante de titres pop/rock d'excellente facture, portés par une production de haut-niveau qui leur permet, près de 30 années plus tard, de paraître toujours aussi fringants.