Annoncée fin 2005, la reformation d'OMD dans sa version originale, avec notamment le retour aux affaires de Paul Humphreys, va finalement se concrétiser en 2010 avec la parution d'un nouvel album, près de 15 années après son prédécesseur, Universal, venant clôturer le parcours en solo d'Andy Mc Cluskey. Passons rapidement sur le concept qui présente une histoire du Modernisme, et surtout sur la définition de ce dernier proposée par le groupe dans le livret, opposant notamment ce qui en relève (Kraftwerk, le fascisme (!) …) à ce qui ne l'est pas (les Rolling Stones, le libéralisme …), pour nous concentrer sur la musique, et nous demander dans quelle direction le quatuor ainsi réuni allait poursuivre une aventure débutée sous le signe de l'électronique et l'expérimentation 30 ans auparavant.
D'emblée, New Babies : New Toys va venir rassurer les fans les plus inquiets : dès l'entame, OMD reprend ses traditionnels ingrédients en proposant une musique énergique rythmée par une véritable batterie et une basse sautillante de retour, avec un sens mélodique toujours aussi pertinent et une coloration apportée par des synthés omniprésents semblant issue des sessions de Crush ou Dazzle Ships. Les plages suivantes vont d'ailleurs confirmer cette tendance, que ce soient les 2 parties du morceau titre ou encore le single If you Want It qui s'imposent immédiatement au creux de l'oreille de l'auditeur. La deuxième "face" de l'album verra cette tendance se confirmer, avec là encore les deux tubes en puissance que sont le dynamique The Future, the Past and Forever After et Sister Marie Says, titre écrit en 1981 et écarté de la track-list d'Universal.
Pourtant, comme pour faire contrepoint au retour de ses repères traditionnels, le groupe s'aventure dans des contrées pour le moins inhabituelles, en nous proposant Sometimes, chanson aux accents souls accompagnée de scratch (!), ainsi que Pulse, titre à la rythmique dance délivré par une chanteuse à la voix d'opéra ! D'un premier abord surprenant, ces deux plages s'intègrent finalement plutôt bien au sein d'une collection de morceaux qui n'oublie pas, comme de tradition sur la plupart des albums du groupe, de rendre hommage à leur référence en matière de musique électronique, à savoir Kraftwerk.
C'est tout d'abord un premier titre (RFWK) simplement baptisé des initiales des quatre membres du groupe allemand, qui vient rappeler la vénération que les anglais portent à leurs cousins germains. Mais c'est surtout The Right Side, magnifique ode électronique basée sur la série d'accords immortalisée par Europe Endless, un des titres phares de Trans-Europe-Express, qui clôture en beauté un album pour le moins inattendu, tant dans sa survenue que dans sa qualité globale.
Là où de nombreux groupes phares des années 80 se contentent de vivre sur leur ancien répertoire en se produisant en live devant un public conquis d'avance, OMD a osé remettre le couvert en revenant en partie à ses basiques, au risque de se voir confronté au jeu de la comparaison avec son back-catalogue. Au vu de la première publication de cette nouvelle ère pour le groupe, nul doute que le pari s'avère plutôt réussi, ce que confirmera d'ailleurs 3 ans plus tard le successeur d'History of Modern.