Ce disque est un évènement. Voilà trente ans que Thin Lizzy n'avait pas sorti un album. Trente ans pendant lesquels, après la mort de son géniteur, le regretté Phil Lynott, ses acolytes, aidés par quelques pointures, ont écumé les scènes en reprenant à l'envi les titres des albums du groupe pour la plus grande joie des fans du combo qui voyaient là le meilleur moyen de ne pas oublier ce groupe fantastique. Mais le temps passant, ces derniers regrettaient de plus en plus amèrement qu'aucun nouveau matériel ne voit le jour. Scott Gorham, le fameux guitariste du combo, s'y décida enfin en 2012 et choisit de ne pas sortir l'opus ainsi composé sous le nom de Thin Lizzy mais sous celui de Black Star Riders. Toutefois ne nous y trompons pas, Thin Lizzy, tel le Phénix, vient bien de renaître de ses cendres.
Dans ses suitcases, l'américain a entraîné deux de ses récents comparses de Thin Lizzy, le talentueux bassiste Marco Mendoza et Ricky Warwick, la nouvelle voix irlandaise du combo tout droit sorti de The Almighty et qui avait réussi la performance de convaincre les fans de Lynott. Pour faire le compte, il les a associé au batteur Jimmy DeGrasso que nous avons pu croiser chez Y&T, Alice Cooper et Megadeth ainsi que Damon Johnson qui a traîné sa six-cordes avec Alice Cooper et Sammy Hagar et à qui on doit l'excellent titre de Santana (avec Steve Tyler au micro) "Just Feel Better". Car en effet, le Monsieur compose. Tant et si bien qu'on lui doit l'ensemble des titres de ce All Hell Breaks Loose, qui pourrait se traduire par "l'enfer se déchaîne". Il est à noter que le combo a décidé de se passer de claviers. Darren Wharton ayant choisi de s'occuper de ses projets personnels, il n'a pas été jugé opportun de le remplacer.
La question que se pose tout fan de la bande à Lynott en se mettant cet opus entre les oreilles, c'est de savoir si BSR va avoir le goût, l'odeur et la couleur de Thin Lizzy. Les twin guitars et leurs cavalcades celtico-épiques, la voix de Phil ? Oui bien entendu nous retrouvons toutes ces caractéristiques car Gorham est toujours là, Johnson est un sparring-partner inspiré et Warwick réussit souvent à attraper quelques intonations du Maître. On retrouve notamment Thin Lizzy sur "Bound For Glory" dont l'intro nous ramène sévèrement au "Guilty Of Love" de Whitesnake et la suite à "Waiting For An Aliby" et "Get Out Of Here", sur "Kingdom Of The Lost" et son petit côté "Beat Of The Drum" et "Black Rose", dans les riffs du swinguant "Hey Judas" et dans le tempo de "Someday Salvation" qui nous entraîne vers une atmosphère Pop à la "Dancing In The Moonlight". Gary Moore n'est également pas loin, par exemple sur "Before The War" ou transparaît également l'ambiance syncopée de "Military Man", un titre de Lynott. Quant à Lynyrd Skynyrd, ils ne sont également pas loin dans l'énergique "Valley Of The Stones" notamment sur la partie de guitares, ce titre démarrant par ailleurs comme le "Helter Skelter" des Beatles.
Voilà donc un album qui tient toutes ses promesses et qui ravira les fans de Thin Lizzy, sauf peut être pour ceux qui accrochent davantage à la période plus Hard du groupe sur la fin de sa carrière car cet opus de Black Star Riders est finalement teinté plus Rock musclé que Hard Rock charpenté. Enfin, quoiqu'il en soit, on savait à quelle sauce on allait être mangé et à vrai dire, c'est bien cette sauce là qui nous faisait nous pourlécher les babines.