Pour beaucoup, Supertramp rime avec super variétés. Il n'est même pas rare qu'une émission de télé ou un magazine qualifie les cinq anglais de " groupe des années 80 ". Un groupe qui a sorti ses albums les plus importants entre 1974 et 1982
1974 est justement l'année où "Crime of the century" fait éclater Supertramp au grand jour. Avant cela, le groupe emmené par ses deux compositeurs-chanteurs Roger Hodgson (la voi aiguë) et Richard Davies (la voix grave), n'avait connu qu'une audience limitée. Au point que Hodgson raconte qu'avant cet album, il n'était pas rare qu'il y ait plus de monde sur la scène que dans le public lors de leurs concerts.
Alors, qu'est-ce qui a changé entre 1971, date de la sortie de leur second album (et second flop), et 1974 ? Hodgson et Davies ont intégralement changé leur équipe, évincant notamment Richard Palmer-James, futur parolier de King Crimson. Pour la première fois, la " dream team " de Supertramp s'élance, avec notamment le remarquable sax John Anthony Helliwell.
En outre, le groupe a lancé dans " Crime of the Century " tout ce qui lui restait pour faire une sorte d'album de la dernière chance. C'est ainsi que " Asylum " finit par des cris d'aliénation, que " If everyone was listening " arbore toute la mélancolie du monde. L'inclassable " Hide in your shell " avec ses voix sorties de nulle part est chargée d'émotion romanesque, et le tout s'achève par la chanson titre, où la guitare et le saxophone crient jusqu'à ce que l'on entende une dernière fois les petites notes d'harmonica déjà entendues dans les premières secondes du disque.
Et l'énergie ne manque pas, avec le rocky-jazzy " Bloody well right ". Et " School ", une remarquable et frénétique caricature de la petite école, cinq ans avant le mur des Floyd.
Il n'y aura guère que le tube sautillant " dreamer " pour faire grincer les dents des puristes progueux à l'écoute de cet album. Mais même cette chanson FM, placée dans le contexte de ce concept-album inavoué, trouve une place. Il n'y a rien à reprocher à Crime of the Century. Seulement à prendre.