Depuis « Crime Of The Century », les amateurs de progressif se sont penchés sur la formation anglaise avec un intérêt croissant, album après album, cherchant à chaque fois les caractéristiques affiliant la musique du groupe au mouvement progressif (longueur des morceaux, mélodies enchaînées…), cette quête ayant trouvé son apothéose avec les 10 minutes de « Fool’s Overture » sur « Even In The Quietest Moments ».
A partir de « Breakfast In America », une bonne partie des amateurs de progressif ont commencé à bouder la musique du groupe, trop « pop », trop simple, alors que le grand public leur faisait un triomphe en terme de ventes, ceci ne s’améliorant pas avec l’album suivant « Famous Last Words », bien moins inspiré, il faut bien l’avouer.
Alors, en 1985, que peut-on attendre d’un album de Supertramp après le départ de Roger Hodgson censé incarner l’âme « progressive » du groupe ? Si l’on considère Supertramp comme un bon groupe de pop, plus ou moins sophistiquée, « Brother Where You Bound » s’avère un album tout à fait enthousiasmant, bien ancré dans son époque, et finalement bien plus inspiré que son prédécesseur.
« Cannonball » ouvrant l’album, donne le ton. Un morceau dynamique plutôt « funky » enrobé d’une production très 80’s (les cuivres nous renvoient à ceux d’ « Abacab » de Genesis), et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça swingue ! Il est vrai que la pression retombe un peu dès « Still In Love » et le morceau suivant « No Inbetween » qui font figure d’amuse gueule en attendant l’apéritif « Better Days », ses claviers rythmiques et son excellent solo de saxophone.
C’est avec la composition éponyme « Brother Where You Bound » que les choses prennent de l’ampleur. Supertramp renoue pour la dernière fois avec son passé en créant un morceau épique de plus de 16 minutes, et se permet même d’inviter David Gilmour pour des parties de guitares reconnaissables entre mille. Le tout est intense, élaboré et suffisamment varié pour retenir l’attention de l’auditeur jusqu’à un final d’une belle richesse mélodique mêlant les cuivres et la guitare électrique. S’il y a bien un morceau à retenir, c’est bien celui-là. Enfin, l’album se termine sur un « Ever Open Door » très doux mais plutôt anecdotique.
« Brother Where You Bound » peut-être considéré comme le dernier album digne d’intérêt de Supertramp avant la débâcle « Free As A Bird ». Si les productions 80’s ne vous rebutent pas, vous pouvez sans hésiter vous pencher sur cet album un peu à part dans la discographie du groupe.