Venant de la patrie du progressif par excellence, Cyan est un groupe qui devrait ravir les amateurs de rock progressif dans la plus pure tradition des autres anglais de Marillion ou d'IQ.
Avec Pictures From The Other Side, au titre "bateau" laissant présager lui-même un manque d'originalité, on est en terrain connu dès le début et on ne s'écartera pas de la route déjà empruntée par d'illustres prédécesseurs de l'école anglaise. En effet, tout ce qui fait le rock progressif dans sa définition la plus communément admise et la plus basique est là : des morceaux généralement assez longs, rarement en-dessous des 6 minutes dont deux avoisinent le quart d'heure, une prédominance des claviers, des mélodies très recherchées mais totalement abordables dès la première écoute et enfin quelques discrètes incursions dans le classique, par l'utilisation parcimonieuse du clavecin ou de voix dans le plus pur style opéra du XIXème siècle. Même la production est calquée à s'y méprendre sur celle d'un The Wake d'IQ ou d'un Clutching At Straws de Marillion.
Pas de morceaux de bravoure, me direz-vous ? Cela dépend de ce que l'on entend par morceau de bravoure. En essayant de garder la tête froide, on est forcé de reconnaître que ce qui nous empêche de nous donner le frisson, c'est uniquement le sentiment de déjà-entendu omniprésent à l'écoute de Pictures From The Other Side. Car admettons-le, si Marillion n'avait jamais écrit son Fugazi ou si Genesis n'avait jamais écrit Supper's Ready, on aurait hurlé de plaisir à l'écoute du Nosferatu de Cyan. Oui, pris pour ce qu'elle est réellement, la musique de Cyan est d'excellente qualité. Si on peut déplorer quelques faiblesses dues à des mélodies un peu trop faciles, comme en particulier sur le morceau Tomorrow's Here Today, l'ensemble apparaît d'emblée de qualité, ne serait-ce qu'avec The Guardians ou le morceau titre.
Tout cela est de plus fort bien interprété par un multi-instrumentiste qui aura toute l'admiration d'un grand nombre de professionnels tant il est rare d'entendre un musicien manipuler aussi bien une guitare et une basse qu'une batterie ou un clavier. Sans être un as de la technique, ce qui n'est de toutes façons pas le propos, Robert Reed joue fort efficacement son rôle d'homme orchestre sans non plus tomber dans la facilité outrancière.
Cyan reste donc un groupe à découvrir, en particulier si vous êtes sensible à ses grands frères que sont Marillion et IQ ou à son père spirituel qu'est de façon évidente Genesis. Certainement pas la découverte de l'année 1994 mais une bonne surprise, à n'en pas douter.